Les
nationalismes européens se manifestent par l’émergence électorale de partis qui
se réclament plus ou moins de l’héritage nationaliste de l’Europe pré-fasciste.
Chez les dirigeants polonais, il y a du Pilsudski, chez Orban, du Horthy, de
l’Anschluss chez les néo-nazis autrichiens. Du Vichy chez le FN, du Mussolini
dans la Ligue du Nord. D’autres nationalismes se classeraient plutôt à gauche
parce qu’ils se sont heurtés à des impérialismes, tels le nationalisme basque,
d’origine douteuse avec Arana et ses doctrines sur la race basque, mais qui a
viré à gauche sous les coups du franquisme.
Dans
les cas où ce nationalisme est classé à l’extrême-droite, une opposition
vigoureuse rassemble une gauche progressiste et une droite libérale. Parfois.
Pas toujours. Le Vlams Block, la Ligue du Nord, et le FPÖ sont aux portes du
pouvoir. En Grande-Bretagne, en Allemagne, les extrêmes droitiers restent à la
marge. En France, entre le FN et LR, on n’en est pas encore au flirt, mais aux
œillades.
Dans
le cas où le nationalisme est classé à gauche, la situation se complique. Les
gens de droite ne se sentent pas trop dépaysés par le respect des valeurs
traditionnelles, la célébration d’une identité ancestrale, la préférence régionale. Les gens de gauche
retiendront de l’histoire une opposition héroïque aux adversaires de toujours.
L’extrême-gauche sera fascinée par les sacrifices et l’audace des actions. En
Irlande, en Ecosse, en Catalogne, au Pays Basque, se met en place un front
régional des patriotes insoumis qui occupe le terrain. En Ecosse et en
Catalogne, ce regroupement rencontre une forte opposition de la gauche
réformiste et de la droite progressiste. En Irlande du Nord, les fronts
nationalistes dominent en se partageant les camps, républicains catholiques
contre unionistes protestants. Au Pays Basque français, le rassemblement
patriotique engloutit toutes les forces politiques, socialisme de réforme,
droite progressiste, droite conservatrice, insoumission bascophone. Les
extrêmes traditionnels n’existent plus : le PC et le FN, qui font entendre
une musique légèrement différente ne sont plus audibles.
Le
pessimisme de ce tableau doit être nuancé. L’opinion des habitants du Pays
Basque français n’est pas favorable aux objectifs officiels du
nationalisme : la majorité ne souhaite pas la réunification du Pays Basque
nord et sud, ni l’officialisation de la langue, ni l’amnistie pour les
prisonniers. Cette majorité ne s’exprime pas. Un petit peu, de manière anonyme
dans les commentaires de sud-ouest.
Mais elle reste silencieuse et je ne vais pas avoir l’outrecuidance de
prétendre dire tout haut ce que les gens pensent tout bas. Pas du tout. Ou bien
ils ne pensent pas, sur ce sujet, il ne leur semble pas une menace, un sujet
d’inquiétude, ils vaquent à leurs affaires, le tourisme fonctionne,
l’immobilier se porte bien, les vagues reviennent avec une grande régularité
porter les planches des surfeurs. Qu’une légère brise de nationalisme basque
gonfle les voiles ne dérange pas, elle imprime au Pays Basque un parfum
exotique sans danger pour personne. Petits aveuglements,
petites lâchetés.
C’est
très exactement le signe d’une situation dangereuse. Le nationalisme occupe la
scène politique sans agressivité pour ceux qui ne partagent pas les mêmes
opinions. Le Pays Basque n’est pas la Corse. Le Pays Basque n’est pas la
Catalogne. Un jour on se réveillera, le paysage sera le même. Seul le nom du
président de la Communauté d’agglo du Pays Basque aura changé. Il sera
Lehendakari.
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