Si l'unanimité patriote fonctionne, il doit y avoir des raisons. Ce qui apparaît, c'est la volonté de se protéger. Se protéger contre quoi? Le besoin de se protéger est unanime. universel. Pour que le besoin de se protéger donne lieu à une vague électorale, il faut des dangers. s'ils n'existent pas, il faut les créer.
Quand le pays basque espagnol était à feu et à sang, le besoin de se protéger prenait plusieurs formes. Surtout ne pas intervenir dans les tensions du Sud. Servir d'hôpital et d'hospice pour les etarras, mais pas de terrain d'entraînement. svp. Iparretarak ne n'est pas développé, à la demande conjugée de l'ETA du Sud et des responsables du Nord. N'allons pas manifester non plus contre ETA (Basta Ya!) parce que les etarras pourraient riposter par des actions armées. Donc restons chez nous. Fermons les yeux.
Le danger terroriste. s'éloigne. Comment maintenir le besoin de protection? En déterrant des armes, en visitant des cellules de prison, en maintenant la pression pour l'avenir qui pourrait être dangereux si on ne fait pas ça, si on fait pas ci. Ca marche.
Mais on voit bien que le monde extérieur est dangereux. il faut protéger le pays basque français du monde extérieur. d'abord du pays basque espagnol, en refusant le dialogue anxiogène sur les victimes de l'ETA. Ensuite, les migrants, l'Europe, l'euro, tout ça. Construisons une frontière, demandons une monnaie locale qui encouragera le commerce local, l'eusko.
Et puis les Fêtes de Bayonne draînent une population cosmopolite dangereuse. Il faut là aussi s'en protéger. Comment? en faisant payer l'entrée, comme devant une boîte de nuit. Avec des videurs pour vérifier qui porte le bracelet payant et qui ne le porte pas.
Et s'ouvre alors une discussion tout à fait éclairante sur la dérive identitaire au pays basque français. Pour les Bayonnais, les fêtes seront gratuites. On leur donnera un bracelet sans qu'ils payent. Pour les non-Bayonnais, ce sera payant. Mais qui est Bayonnais et qui ne l'est pas? La discussion correspond fidèlement à la discussion qui a précédé la mise en place d'un EPCI. Qui est basque et qui ne l'est pas? Pourquoi Hendaye et pas Tarnos?
Lisez la discussion sur la gratuité ou le paiement de la fête. Discussion éternelle pour savoir qui est authentiquement authentique et les distinguer des "étrangers". On n'y arrive jamais, car il y a toujours plus authentiques que les authentiques, et toujours moins authentiques que les authentiques. La famille des Bayonnais aura-t-elle droit à un bracelet gratuit? et dans quelles limites: les grands parents, les cousins, les conjoints. ceux qui travaillent à Bayonne et ceux qui ne font qu'y boire. les prisonniers basques devront-ils payer? Est-ce que moi, qui suis le conjoint de la fille d'un pharmacien bayonnais, je devrai payer?
Jean-René Etchegarray est dans le droit fil des ministres polonais, d'Orban en Hongrie, de la Ligue du Nord, de tous les populismes européens.
Puisque l'on parle de protection, il me semble que c'est d'abord de lui que le Pays basque français devrait se protéger.
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