L’avantage de
ce grand débat : il donne la parole à d’autres personnes que les gilets
jaunes. Depuis deux mois : il y a les gilets jaunes et ceux qui les comprennent,
qui les soutiennent. Et ce qui ressort de l’avant-débat : c’est que tout
va mal.
Alors oui, les
choses vont mal pour 20 % de la population, très mal pour dix pour cent et cinq
pour cent sont à la dérive. Ça veut dire
que pour l’énorme majorité de la population, les choses ne vont pas si mal. Plus
d’éducation, plus de soins, plus de loisir, plus de cultures. Et c’est parce
que tout ne va pas à vau l’eau, que notre société est vivante. Qu’elle affronte
de manière vive les injustices, les inégalités, les violences. C’est parce que
notre système d’éducation est l’un des plus accueillants que l’on supporte mal
les relégations. C’est parce que notre système de santé est l’un des moins
inégalitaires que l’on supporte mal les difficultés d’accueil. Et la France est
l’un des pays où la redistribution est la plus importante.
Nous avons la
chance de vivre dans un environnement qui considère de manière majoritaire
qu’une société se juge à la manière dont elle traite les plus maltraités. Les minorités, les migrants,
les galériens de la vie. Cette société, cet environnement, cette démocratie,
méritent d’être défendus.
A tous ceux, séparatistes
pour qui rien ne va tant que le Pays Basque reste dans la République, Insoumis
qui ne supportent pas qu’un logement social ou une école démente leur
catastrophisme, nationalistes qui ne sont à l’aise que dans la haine, une
partie des gilets jaunes pour qui la révolte est une solution, je souhaite qu’ils
ne réussissent pas à à saper le moral, des élus, des associations, des ONG, des
bénévoles, des enseignants, des chercheurs, des travailleurs sociaux, des médecins,
des animateurs, des syndicats et des entrepreneurs, qui passent leur temps,
leur énergie, leur intelligence pour que tous les hommes et les femmes restent
debout et marchent.
D’autres
diront leurs urgences. Que ce débat, que ces revendications, n’abîment pas ce
qui marche et qui est vital. L’Europe nous protège. On s’en rend mieux compte
en observant ceux qui s’en éloignent. L’état providence nous protège et il doit
mieux protéger les habitants qui vivent dans l’urgence.
La démocratie
nous protège. Dans le cahier de doléances, je m’adresse à ceux qui oublient que
les libertés sont le bien le plus précieux de ceux qui n’ont guère d’autres
protections. Arrêtez les atteintes à la République, les attaques des élus, les
insultes aux journalistes, les menaces. Vous abimez notre société, vous risquez
de la transformer en sommes d’égoïsmes où les privilèges financiers, culturels,
ou la force brutale, auront remplacé une société de droit.
D’une manière
plus générale, je demande que soit tissé en permanence le lien politique et
moral entre les revendications particulières et l’intérêt général. Au sommet
bien sûr, pour les plus fortunés. Mais aussi pour tous les corps
intermédiaires, pour les syndicats : tissez ce lien avec le bien commun.
Seul ce lien peut éviter les demandes les plus
démagogiques les revendications les plus folles et les égoïsmes les plus
désastreux.
Voici ce que
j’ai envie d’écrire aujourdhui dans le cahier de doléances.
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