dimanche 13 janvier 2019

ecrire ou parler


Ce que je sais faire de mieux, c’est d’écrire un article. Organiser un groupe, le rendre politiquement efficace, je n’ai jamais su. J’ai essayé. J’ai participé. J’ai été exclu du PCF pour activité fractionnelle, je faisais partie d’un groupe animé par Henri Fiszbin. Je militais contre la régression identitaire du PCF. Puis j’ai été exclu du Parti socialiste parce que je dénonçais semaine après semaine la régression identitaire des élus socialistes au Pays Basque. Aujourd’hui, je milite contre la soumission des élus marcheurs au mouvement identitaire au Pays Basque. Si je suis à nouveau exclu, j’entre dans le livre Guinness des records, le seul homme qui a été exclu trois fois par trois partis politiques différents.

            Chaque fois, les raisons de mon exclusion furent littéraires. Des articles, des livres. Même mais interventions dans les réunions étaient écrites. J’étais incapable de me lever et de déclamer comme Danton « nous sommes ici par la volonté du peuple ». J’aurais dû écrire et terminer par écrit « nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes ». C’était un peu gênant. Dans les Assemblées Générales (AG) de Vincennes Paris VIII, tout le monde se levait, les mains libres, sans papier, et réclamait avec éloquence la fin de l’ancien monde. Moi, j’avais préparé mon intervention, car je connaissais par cœur les discours répétitifs, je me levais avec un papier écrit à la main ou tapé à la machine, je levais ma main libre vers le ciel et l’autre main tenait fermement mon texte. Je ne vous raconte pas ce que déclarais, vous le trouverez dans mes libres ou mes articles, car l’avantage d’écrire mes interventions était que je pouvais ensuite les recycler dans mes textes écrits, articles, recensions, chroniques, communications dans les colloques, livres.

            Quand France Bleu Pays Basque m’a proposé de débattre avec Michel Berocoirigoin, animateur des « artisans de la paix », j’ai rédigé soigneusement les arguments que vous pourrez lire dans un autre texte que je vais d’ailleurs réécrire. A la radio, ce n’est pas gênant.  Les auditeurs ne voient que votre voix. C’est ce que je répétais à ma compagne avant cet important débat, qui insistait pour que je mette une chemise bien repassée, avec une écharpe assortie. « Je suis certaine, disait-elle, que les auditeurs d’une radio voient la couleur des chemises et le camaïeu des écharpes. Un journaliste a d’ailleurs confirmé cet avis. Quand un interlocuteur arrive à France Bleue Pays Basque habillé n’importe comment, les auditeurs s’en rendent compte immédiatement. Ils arrivent donc tous habillés élégamment, les politiques en costume cravate, les gilets jaunes en gilet repassé, les insoumis en chemise blanche largement ouverte, les gilets basques en espadrille.

            Participer à un débat à la télévision, dans ces conditions, c’est un peu plus compliqué et c’est pourquoi je suis rarement invité. Dans les débats, les Talk Shows, personne n’arrive avec un papier écrit. Ils ont tous l’air d’improviser, d’être spontanés. Les journalistes et les présidents de la république ont des prompteurs. Quand j’étais invité à la télévision, rarement je vous l’ai déjà dit, à cause de ça, le journaliste me voyait arriver avec une feuille 21/27 et me disait tout de suite, s'il vous plaît, il n’est pas question de lire. Vous allez regarder la caméra, pas votre papier. J’ai parfois demandé un prompteur. En vain. Les prompteurs sont réservés aux journalistes et aux présidents de la république.

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