Gilet étoilé
Il
avait promis de construire un mur au sud des Etats-Unis. Ce mur serait financé
par le voisin mexicain. Cinq ou six milliards. Le voisin refuse. Le gilet
étoilé se met en colère. Il me faut ce mur, il me faut ces cinq milliards.
Comme le voisin refuse, il demande aux élus de voter la subvention. Les élus
refusent. Ils disent que le mur ne servira à rien.
Le
gilet étoilé, qui avait sur d’autres sujets montré des signes d’irritation,
devient fou de rage. Il se met à tourner jour après sur le rond-point du
Capitole, à Washington. Il empêche la circulation des voitures. Il crie qu’il
représente le peuple alors que les élus ne représentent pas le peuple. Il
demande la dissolution des assemblées qui ne représentent pas le peuple.
Tous
les jours, en tournant autour du rond-point du Capitole, le gilet étoilé
insulte les élus qui ne représentent pas le peuple. Il les traite de tous les
noms. Il dit que le peuple américain, qui a déjà fait une révolution en 1776, montrera
comment on renverse un pouvoir injuste. Le Gilet étoilé est particulièrement en
colère contre les moyens d’information qui d’après leurs journalistes, ne
voient qu’un seul gilet étoilé sur le rond-point.
Les
élus qui ne représentent pas le peuple ne cèdent pas. Alors le Gilet étoilé manifeste
partout où des bâtiments officiels abritent des élus. Il détruit les
distributeurs de banque et interrompt le versement des salaires de tous ceux
qui travaillent pour les élus. Des milliers d’entreprises font faillite. Comme
les cuisiniers de la Maison Blanche ne
travaillent plus, n’étant plus payés, le Gilet étoilé déjeune avec des
hamburgers et des frites sur le rond-point. Il lève le bras chaque fois qu’une
voiture passe et demande que les conducteurs l’encouragent en klaxonnant.
Le
Gilet étoilé en est je crois bien à l’acte 24 de sa campagne. Tous les jours il
revient sur le rond-point. Il reçoit les encouragements de Salvini, de
Mélenchon, d’Orban, de Marine Le Pen.
Depuis
que le Gilet étoilé occupe la Maison Blanche, les rapports de force ont
remplacé les négociations. Les adversaires ne font plus partie de la solution,
ils doivent être écartés. On ne discute pas avec eux. Il paraît que les élus
organisent un vaste débat sur la nécessité ou l’inutilité du mur. Le Gilet
étoile n’y participera pas. C’est un vaste enfumage, dit-il. Je ne demande qu’une
seule chose, les cinq milliards pour construire le mur.
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