Biarritz. Vendredi matin
17 10 14. Je sors de la libraire Victor Hugo. Je croise un prêtre ensoutané
discutant avec une commerçante. Depuis le temps, je me suis préparé. Monsieur,
puis-je vous dire un mot ? Monsieur en dit beaucoup, je m’exclus par ce
monsieur de la communauté des catholiques. Je ne peux quand même pas dire « mon
père », mon père est mort depuis près de quarante ans, enterré au
cimetière de Bagneux. Monsieur, les paroles coulent parce que je les ai
répétées mille fois en croisant les curés intégristes qu’impose Mgr Aillet à
son diocèse. Monsieur, en portant cette robe noire, vous n’avez
pas l’impression de vous exclure du monde ? Exactement comme les femmes musulmanes
qui portent une burka ? Non, au contraire, me répond-il, sa réponse n’a
aucune importance, l’important, c’est que j’ai trouvé l’occasion de le lui
dire, et bien entendu il n’allait me répondre, je suis coupé du monde. Il m’a
répondu au contraire. Il m’a dit qu’une burka ce n’est pas pareil. Pourquoi ce
n’est pas pareil ?
Goutte d'Or. Souvent
j’ai eu envie, mais je ne l’ai jamais fait. Envie de m’approcher d’une femme voilée
partout et lui poser la même question. Je ne l’ai jamais fait, je ne le ferai
jamais. Pourquoi cette différence de traitement ? Peut-être parce que je
considère le prêtre intégriste comme revendiquant son appartenance à une caste
supérieure alors que la femme voilée est plus victime qu’arrogante. Le prêtre
ensoutané est un cadre supérieur de l’intégrisme, la femme voilée en est l’esclave.
En me révoltant contre le prêtre, je suis à égalité. Pour la femme voilée, je
fais partie des puissants. Je ne suis pas son égal.
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