Si la proposition du
préfet était arrivée avant les élections municipales, on imagine mal la
formation d’une liste commune entre les partisans d’une ACBA renforcée et ceux
qui veulent sa disparition. D’ailleurs, très logiquement, les héritiers de
Batasuna demandent aux abertzale modérés de Biarritz de démissionner d’un
conseil majoritairement hostile à l’EPCI.
C’eût été dommage, car
dans la morosité ambiante, le rassemblement qui gouverne la ville est un
exemple roboratif. Un rassemblement pluriel, non clivant, avec des centristes,
une droite modérée, des militants de gauche fiers de leur appartenance
républicaine, des abertzale et des Jacobins, des militants associatifs…
Tout le monde sait que ce
n’est pas facile, qu’il faut discuter, qu’il faut des compromis, mais la ville
s’en porte mieux. Les ikastolas et les écoles publiques, les festivals
internationaux et les fêtes basques. Les logements sociaux et les résidences
secondaires, l’hôtel du Palais et les centres d’accueil. Ça s’appelle la vie.
Et puis cette proposition
qui nous replonge dans le passé. Des élus inquiets de leur avenir réinstallent
l’identité au cœur de la politique. Les frontières étaient poreuses, elles
deviennent sacrées. Tout le monde joue à plus patriote que moi tu meurs. Ce
pays a une histoire. Il a eu des soldats, des morts. Les fantômes
ressurgissent. « Si l’EPCI ne passe pas, nous regretterons d’avoir déposé
les armes ». « l’EPCI est une étape du processus de paix » comme
si nous étions en guerre. Bassin de vie contre bassin de mort.
Battons-nous et
résistons. Sur des principes, pas sur des postulats, pas sur des actes de foi.
Tout le monde semble happé par le repli identitaire. « Donner au pays Basque une institution qui lui soit
propre est une nécessité légitime, conforme à son identité ». Qui parle
ainsi ? Batera ou les maires de la côte ? Refusons ce jeu dangereux.
Chaque fois qu’on a ajouté un adjectif à une institution, on a partagé les
citoyens en vrais et faux, en authentiques et en touristes. Et comme en Corse,
le pouvoir finit par retomber dans les mains des plus purs et des plus durs.
Affirmons notre confiance. L’identité, la culture
basques sont vivantes, n’ont pas besoin de corset, de fauteuil roulant et de
soins palliatifs. Elles vivent dans la confrontation, dans l’air du large. Un Basque
est défini par ses chants, sa langue, son histoire, ses engagements. Désormais,
si l’EPCI l’emporte, un Basque est celui qui habitera une communauté
territoriale de 158 communes administrée par un conseil de 230 membres. On a
déjà transformé Biarritz Bonheur en
Galeries Lafayette, on va maintenant transformer les Basques en épicéens. À
nous de choisir.
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