Chaque fois, sans
exception, que je parle des séquelles de la violence militaire en pays Basque dans
une réunion publique, je provoque de vives réactions, voire des huées. C’est
manifestement un sujet qui fâche. Pourtant, l’actualité souffle sur les
braises. La découverte d’un dépôt d’explosif et l’arrestation de deux etarras,
rue de la Poste, à Biarritz, a été suivie d’une manifestation contre l’arrestation
et d’un silence assourdissant des élus de la ville. On ne parle pas de la
violence armée sauf pour demander l’amnistie des prisonniers basques. De même,
à propos du regroupement intercommunal nommé EPCI, des patriotes radicaux ont
écrit : « si l’EPCI ne passe pas, nous regretterons d’avoir déposé
les armes ». Un élu LR utilise le même chantage : les opposants à l’EPCI
seront responsables d’une reprise de la lutte armée. Une élue socialiste
déclare que l’EPCI est une étape du processus de paix, comme si nous étions en
guerre. Ces déclarations ne provoquent aucune réaction. Mais quand je les cite
dans une réunion publique, régulièrement, je me fais huer. Personne ne me traite
de menteur ou d’affabulateur, je cite mes références. Mais il ne faut pas en
parler. Pourquoi ? La violence armée et ses séquelles sont-elles des
maladies honteuses ? Est-ce j’ouvre
les portes d’un placard où sont cachés des squelettes ?
Dans les quartiers et les
villages du pays Basque, de Corse, d’Irlande du Nord, seules ont le droit de
porter le deuil les épouses, les mères et les sœurs des « martyrs »
tombés au combat. Si une épouse de gendarme, de soldat, d’un conseiller municipal
assassiné, porte le deuil, ce sera considéré comme une provocation par les
patriotes.
Voilà sans doute l’explication :
je porte le deuil des mauvaises victimes.
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