Dans
ce petit bout de territoire français se joue le destin du monde. Dans la
définition d’une démocratie moderne, une nation est composée de tous les
citoyens, natifs ou arrivants. S’oppose à cette conception la définition des
nations du 19ème siècle, qui a dominé en Europe centrale, dans les
pays baltes et slaves, dans les pays celtes et dans l’Europe du Sud. Cette conception
fonde la nation sur « la terre, le sang et les morts ». (Jean-Loup
Amselle). L’appartenance à la communauté remonte dans la nuit des temps, elle
est attestée par le sang des martyrs, par la langue, par l’attachement à la
terre. Cette thèse est une thèse raciste qui a resurgi en France au moment de l’affaire
Dreyfus, sous le régime de Vichy, Elle redevient prégnante avec la définition
de la citoyenneté ethnique par le Front national.
En écho et en opposition à ces
thèses racistes se créent, nous dit Jean-Loup Amselle, des « entrepreneurs
d’ethnicité », qui mobilisent des identités essentialisées et contribuent
ainsi à la séparation entre « autochtones » et « allochtones ».
Cette mobilisation est l’écho de la droite raciste et en reproduit les
principes. Pour Jean-Loup Amselle, « la montée du FN, la résurgence des
identités régionales » sont les avatars de l’ethnicisation du politique. Avec
les revendications basques, nous sommes en plein dans le chaudron identitaire. Alors
qu’il faut lutter en permanence pour la contractualisation citoyenne de la vie politique,
les revendications d’un territoire basque effacent le contrat citoyen au profit
d’une appartenance qui donne des droits particuliers, déniés aux « «étrangers »
et aux « touristes ». Dans les discours d’élus républicains se
retrouvent les notions de « frontières sacrées », d’histoire
ancestrale, d’un territoire dessiné par la langue et par le sang des martyrs. Alors,
oui, il faut le dire et le répéter, dans ce petit bout de territoire français
se joue le destin du monde. Alors, il faut le dire et le répéter. Il faut beaucoup
de haine à l’égard des habitants du pays Basque pour les enfermer ainsi dans un
statut d’indigènes, et il faut beaucoup d’amour à l’égard des habitants du pays
Basque pour les considérer comme des citoyens et pas comme des autochtones.
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