Daech et l’ETA
Dans plusieurs
contributions à la réflexion sur les attentats en France, l’idée se faufile que
les terroristes se réclamant de l’Islam ne réfléchissent pas, n’ont pas lu le
Coran, n’ont pas fait d’étude, en somme qu’ils sont faibles d’esprit. Des psychopathes,
sans métier, sans avenir, sans présent. Des névrosés, frustrés, nihilistes. Ainsi
se prolonge par touches légères le racisme qui affirme la supériorité
occidentale dans tous les domaines. Les terroristes occidentaux, les
républicains irlandais, les etarras basques, la bande à Bonnot, les
anarchistes, la Fraction armée rouge… sont supposés intelligents, ils fondaient
leur action sur une expérience sociale, une théorie révolutionnaire, une
réflexion politique. Des aristocrates du terrorisme, des poètes de l’action
armée, que tout distingue du lumpen de la terreur.
Ne
pourrait-on pas nuancer une telle hiérarchie ? Que dans des sociétés
démocratiques où tous les moyens d’action politique existent : suffrage
universel, droit de manifester, liberté d’opinion, des groupes se réunissent et
décident que ces droits n’ont aucune validité, qu’il faut contourner les
processus de décision démocratique par des raccourcis meurtriers, et imaginer
qu’une telle stratégie puisse obtenir des succès témoigne pour le moins d’un
manque d’intelligence assez remarquable. Les combattants républicains et
basques étaient persuadés qu’ils pouvaient par la terreur changer les opinions
majoritaires, forcer les protestants d’Irlande à intégrer une Irlande
réunifiée, et ainsi construire une nouvelle Irlande socialiste et indépendante.
Ils imaginaient l’avenir comme celui du Vietnam, les derniers hélicoptères britanniques
s’envolant de Belfast avec les derniers soldats anglais. Que les etarras
basques aient pu imaginer obtenir la réunification du pays Basque, sa transformation
en pays indépendant et socialiste, en posant des bombes et en terrorisant les
quartiers semble aujourd’hui une monstrueuse bêtise.
Là où ces
groupes exerçaient un pouvoir sur leur communauté, ils n’étaient pas loin non
plus d’ineptes comportements. Les islamistes veulent imposer la charia. À Belfast,
les femmes de prisonniers étaient étroitement surveillées et la tonte punissait
les infidélités. Les jeunes délinquants étaient châties d’une balle dans le
genou (knee-capping), ainsi que les
vendeurs et les consommateurs de drogues.
L’ensemble
de ces activités ne témoigne pas d’une grande intelligence politique et
théorique. Elle se rapproche du comportement des djihadistes dont l’obstination
sans faille, le front têtu et la barbarie remplacent réflexion et discussion.
Concluons.
De deux choses l’une : ou bien nos terroristes occidentaux partageaient
avec les djihadistes une profonde débilité d’esprit, ou les djihadistes sont
tout aussi théoriciens et penseurs politiques que leur prédécesseurs blancs et
chrétiens.
À vous de choisir.
S'il fallait choisir entre commetteurs de violence, mes préférences iraient à un terrorisme de libération et d'indépendance plutôt qu'à un terrorisme de discrimination.
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