Qui décide ?
Dans la
tourmente, rien ne semble plus important que la recherche de sens. Comment
caractériser ceux qui nous veulent le plus de mal possible ? Des fous de
Dieu, des soldats d’une croisade ?
Le Pape
affirme que la religion est d’abord une déclaration de paix et qu’on ne peut
pas mener une guerre au nom de Dieu. D’autres sont convaincus que les horreurs
sont accomplies au nom d’une vision religieuse du monde, l’islamisme radical. Tous
les musulmans ne sont pas coupables, mais ils sont un peu complices. Les textes
sacrés sont porteurs de barbarie. Nous avons connu cette accusation, à l’égard
des textes non moins sacrés des fondateurs du marxisme. Tout le goulag était
dans Marx et Lénine. Il suffisait de lire le Manifeste pour commencer à devenir complice de Staline, Mao, Pol Pot.
Comment y
voir un peu plus clair ? Les conflits que nous avons connus se sont
généralement menés au nom de revendications sociales et nationales. Personne ne
disait aux Algériens qu’ils croyaient lutter pour la libération nationale mais
qu’en fait ils luttaient pour une société religieuse. Mais on ne se gênait pas
pour voir clair à la place d’autres acteurs. Les protestants irlandais
croyaient dénoncer les hérésies catholiques, mais en fait ils luttaient pour conserver
leurs privilèges. Les catholiques irlandais croyaient lutter pour une église catholique,
mais en fait ils luttaient pour le droit à la terre et à l’indépendance. Tout le
monde décidait à leur place. Comme maintenant, on décide à la place des
barbares. Ils croient se battre pour leur religion, pour leur Dieu, en fait ils
se battent contre toutes les frustrations, tous les héritages du colonialisme,
toutes les exploitations. Pour autre chose que ce qu’ils disent.
Et si on
prenait simplement au sérieux ce qu’ils déclarent. S’ils considèrent qu’ils
mènent une guerre religieuse contre un monde qui abandonne les leçons de leur
prophète, qui sommes-nous pour leur dire qu’ils se trompent, qu’ils mènent un
autre combat ?
Je peux
comprendre la prudence ou les réserves des fidèles. Que des croyances partagées
mènent à de telles barbaries portent un coup sévère à toutes les croyances
religieuses. Qu’ils se rassurent : des croyances laïques ont mené à d’autres
barbaries.
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