lundi 19 décembre 2016

boulevard du crépuscule


(Ce que vous lisez est le fruit d’un parti pris sans nuance contre les avant-gardes armées qui règlent les différents politiques à coups de pistolet ou de dynamite)

Quand Franco est mort, la société espagnole est devenue une société de droit et rien ne justifiait plus l’emploi des armes. Ceux qui ne désarmèrent pas devaient justifier cette violence en montrant que rien n’avait changé, que le Pays Basque était occupé par deux impérialismes, espagnol et français.

Pour justifier l’injustifiable, les modèles sont classiques. La preuve que les mercenaires de la nation étaient dans leur droit c’est que l’état qu’ils combattaient les emprisonnait. La prison était la preuve. Et de la prison, ils n’avaient pas le droit de sortir. Traitement scandaleux. Parfois, l’état utilisait les mêmes moyens qu’eux (les GAL). La différence, voyez-vous, c’est que jamais Sylviane Alaux ou Max Brisson n’a manifesté pour la libération d’un ancien du GAL.

Parfois la veuve d’un gendarme, le fils d’un conseiller municipal, la mère d’un entrepreneur levait la main et disait qu’ils portaient le deuil d’un époux, d’un père, d’un fils, mais ces endeuillés étaient dénoncés comme traîtres à la patrie sacrée. On les chassait du quartier, ces gêneurs, aussi scandaleux qu’un pyjama rayé dans une pension pour nazis en cavale.

Aujourd’hui, ces voyous ont arrêté leurs tueries. Ils voudraient continuer à nous faire croire qu’ils avaient raison de massacrer. Qu’ils étaient des victimes et non pas des assassins. Dès qu’un emprisonné est malade, ils réclament sa libération. Parfois ils font la grève de la faim ce qui les rend très malade et ils réclament la libération. Ils dénoncent les mauvais traitements et chassent de leurs souvenirs la veuve, le fils, le père qu’ils avaient éliminés au nom d’un mépris sacré de la démocratie.

Le dernier avatar dépasse les limites du grotesque. Ils ont arrêté leurs crimes depuis 2011. Pour que cet arrêt soit crédible, il faut deux choses : qu’ils restituent les  armes et qu’ils dissolvent leur armée. Ils n’ont pas dissous l’ETA. Pour rendre les armes, ils minaudent, ils gesticulent, ils font des grimaces autant qu’une ancienne star qui ne se résout pas à la retraite. Repassez-vous Sunset Boulevard et vous verrez comme il est douloureux de renoncer aux projecteurs.

        Fait partie de ces minauderies le dernier épisode. L’ETA cagoulé déclare qu’elle veut bien remettre les armes, mais pas à n’importe qui. Ça ressemblerait trop à une réédition. Effectivement, rendre les armes, pour que ça ne soit pas une reddition, c’est compliqué. Alors des gens de bonne volonté, auto-proclamés faiseurs de paix, proposent à l’ETA de leur confier les armes, ils se chargeraient de les neutraliser. L’ETA dit banco, on est d’accord. On a un dépôt d’armes dans un petit village pas loin de Bayonne, voici l’adresse, venez avec vos outils à neutraliser. Le jour dit, l’ETA téléphone à la police : allez voir à telle adresse, vous y trouverez un dépôt d’armes. La police se rend à l’adresse, trouve le dépôt d’armes avec les démineurs de Noël et arrête tout le monde au nom des lois antiterroristes.

        Aussitôt, l’ETA encore maquillée dénonce le coup de force de la police : vous voyez, on allait désarmer grâce aux pieds nickelés coopératifs, et l’état nous empêche de désarmer. Non seulement ils nous empêchent de désarmer, mais ils arrêtent ceux qui voulaient nous aider à désarmer. Nous on veut bien, mais ils ne veulent pas.

        Des élus éperdus d’admiration devant ce spectacle applaudissent et demandent que les pieds nickelés puissent passer Noël en famille.

 

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