Vendredi 16 décembre 2016, la police française et
espagnole ont interpellé plusieurs personnes et saisi des armes à Bayonne. D’après
Michel Tubiana, président d’honneur de la ligue des droits de l’homme, ces
« personnalités » n’étaient pas membres de l’ETA, mais des
représentants de « la société civile » qui devaient détruire une
cache d’armes. En accord avec l’ETA. Parmi les arrêtés, Jean Noêl Etxeverry
(militant abertzale), Mixel Berhocoirigoin (du syndicat agricole basque). Que
faisaient ces personnes face à une cache d’armes ? Elles étaient en train
de la « démanteler » au nom de la société civile, avec la permission
de l’ETA. L’ETA avait accédé à leur demande de démanteler un dépôt d’armes dans
un courrier sous le logo traditionnel : la hache et le serpent entremêlé.
La hache, c’est la violence armée, le serpent, c’est la ruse. Là j’imagine, il
devait s’agir du serpent.
Je suis civil, Membre de la société civile. J’écris
à l’ETA, la hache, pour que le serpent me laisse démanteler une partie de
l’arsenal militaire. L’ETA me dit
d’accord, on veut bien vous confier le démantèlement de notre arsenal. À une
condition : qu’il n’y ait pas de « gagnants ou de perdants ». On
vous donne l’adresse, vous démantelez. Je me trouve devant des armes et des
explosifs. Qu’est-ce que je fais ? Je démantèle. Pendant que j’étais en
train de démanteler, la police arrive et me demande pourquoi je n’ai pas appelé
la police devant cette cache d’armes. Je réponds, parce que l’ETA m’a demandé
de démanteler. Ils rigolent et m’envoient à Paris, au service de lutte
anti-terroriste.
Ils étaient muets comme des carpes quand les élus
espagnols se faisaient torturer et assassiner par les terroristes de l’ETA. Les
journalistes mutilés, les universitaires étaient menacés, devaient s’exiler,
mais Frédérique Espagnac, Max Brisson, José Bové, étaient muets, et les voilà
qui se réveillent, protestent, s’indignent. Ils vont manifester pour des
terroristes, sans honte et sans écharpe tricolore.
Puisque la situation l’exige, répétons encore une
fois les questions politiques posées par ces pantalonnades. L’ETA a maintenu le
Pays Basque dans la terreur pendant deux générations. Elle a officiellement
cessé le feu depuis 2011. Les objectifs de la lutte armée étaient un Pays
Basque réunifié, indépendant et socialiste. Le Pays Basque n’est pas réunifié,
il n’est pas indépendant, il n’est pas socialiste. Aucun de ces objectifs n’est
atteint. Comment transformer une défaite en victoire, comment faire pour qu’il
n’y ait pas de gagnants et de perdants, selon les termes de l’ETA ? En
transformant les terroristes en héros, applaudis dans les réunions, portés en
triomphe, accueillis par des manifestations.
On comprend aisément que pour les etarras libres ou
libérés, huit cents morts, des milliers d’années de prison, pour rien, pour une
légion d’honneur ou une voiture de fonction, c’est trop cher payé. C’est leur problème.
Mais que des personnes de bonne volonté, de la « société civile »,
participent à la légitimation de la lutte armée me semble stupéfiant. La hache
est enterrée, reste le serpent et la ruse semble d’une redoutable efficacité.
On pourra discuter quand vous demanderez aux franquistes de demander pardon pour les 100 000 (cent mille, quand meme!)victimes, 100 000 disparus apres la guerre civile, qu'on retrouve aujourdhui dans les fosses communes en Espagne. Et c'est dans ce déni qu'est né ETA...
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