Parlez-vous EPCI ?
Depuis qu’une majorité de conseillers municipaux ont
déterré un parchemin qui légitime l’indépendance du Pays Basque (voir le texte
de ce document sous le titre EPCI) au nord de la Bidassoa, la fièvre identitaire
agite les 158 communes du nouveau regroupement communal.
Pendant que dans le pays qu’ils viennent de quitter
se préparent des élections législatives et présidentielles qui décideront du
sort de la France, solidarité contre égoïsme, ouverture ou fermeture au monde,
assurances privées contre sécurité sociale, mixité sociale ou ghetto doré, les
élus sortants sont déjà loin, ils mettent en place les nouvelles institutions
du Pimlico basque. Ils ne veulent plus entendre parler ou donner un avis sur
une politique nationale Quand on dit Président, ils disent lehendakari, quand
on dit politique scolaire, ils disent ikastola.
Pas complétement fous, ils se sont d’abord assuré
que les cagnottes municipales n’iraient pas se diluer dans le nouveau pays et les
ont mises à l’abri.
Aujourd’hui, fin de l’année 2016, chaque conseil municipal
vote sa représentation au sein d’un comité de pilotage. Les familles politiques
se sont divisées sur l’EPCI, elles se déchirent à nouveau sur son exécutif. Donc,
à Bayonne, à Anglet, à Biarritz, à Bidart, les radicaux d’EH bai s’allient à la
droite conservatrice pour avoir des représentants. Dans d’autres municipalités,
les socialistes se divisent et s’excluent mutuellement.
Ce qui est compliqué, c’est que le parchemin retrouvé
par les archéologues avait prévu une
représentation de chaque commune à l’époque où la côte basque ne s’était pas
encore développée. Le principe d’une commune, un représentant, était juste à l’époque
glaciaire. Aujourd’hui, avec le développement des villes côtières, les deux tiers
de la population basque urbaine ont un tiers de représentants dans le nouveau
regroupement. Les partisans de l’EPCI n’étaient pas mécontents : enfin, le
Pays Basque authentique allait arracher le pouvoir aux riches touristes de la côte.
Pour calmer les opposants, ils promirent malgré tout un comité de pilotage rééquilibré.
Alors que les petites communes seraient représentées par leur maire, dans les
communes plus peuplées, il y aurait plusieurs représentants. Ces représentants
sont élus par les conseils municipaux. Chacun veut en faire partie, d’où les
passionnantes discussions et les riches débats dont la presse se fait l’écho
dans d’illisibles compte-rendus.
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