mercredi 22 novembre 2017

la grenouille sourde et le conflit basque


Lisez, vous saurez tout



Red Adair était spécialisé dans l’extinction des puits de pétrole. Je suis le Red Adair des flambées nationalistes et extrémistes. Quand le feu brûlait à Belfast, j’ai passé des années à contribuer à éteindre le feu. Quand les engagements sociaux-démocrates se consumaient dans les brasiers des postures radicales, j’étais là et je passais les seaux d’eau dans la chaîne des reconstructeurs. Puis le feu s’est allumé au Pays Basque et je suis arrivé casqué, avec ma lance à incendie et j’ai arrosé.

Au début, ce fut assez simple. Les activités terroristes des fous de la nation basque détournaient la grande majorité des habitants de leurs objectifs. Puis, sous les coups de boutoir d’une société qui n’en pouvait plus de la terreur, les terroristes ont déclaré qu’ils déposaient les armes et ils demandèrent à la société basque de se prosterner devant une décision aussi généreuse. La société basque espagnole qui avait subi l’essentiel de leurs activités assassines ne demandaient qu’une chose : qu’ils dissolvent leur organisation, demandent pardon pour leurs victimes, s’engagent à ne plus recourir à leur mafieux forfaits. Et qu’ils se taisent.

La société française qui vivait en paix bien avant le dépôt des armes, qui avait tout fait pour se protéger de la terreur outre-pyrénéenne,  n’avait pas de telles rancœurs. Ce fut chic de proposer ses services aux demi-soldes de la campagne abertzale et comme les dames de la bourgeoisie rendaient visite aux asiles de l’East End de Londres,  d’aimables citoyens mirent des bottes et des gants et allèrent déterrer des armes dont ils n’avaient jamais eu rien à craindre après avoir demandé la permission à leurs propriétaires qui ne les avaient jamais visés. Dans les rues de Bayonne, on célébra l’opérette avec du cidre et de l’Iroulégy.

J’étais là avec ma lance et mon casque, bien seul. Je lançais des alertes. Vous ne voyez pas que vous contribuez à remettre en selle un nationalisme en difficulté ? Personne ne m’écoutait. Les élus républicains négociaient avec des terroristes sans une parole de reproche et tout le monde trouvait ça délicieux. On oubliait leurs victimes car évoquer les 830 morts de l’ETA risquait de gâcher la fête.  Les socialistes qui participaient à la grande cérémonie du blanchiment de la terreur m’exclurent de leur rang.

Je continuais à arroser sans réaction jusqu’au jour où un nouveau parti, la République en marche accepta de m’entendre et de discuter. Nous en sommes là. Le dialogue s’est engagé.

Vous connaissez l’histoire de la grenouille qui grimpe une muraille ? Des grenouilles au pied du mur essaient d’escalader un mur. Les grenouilles à terre les regardent et les découragent : vous n’y arrivez jamais, c’est trop dur, arrêtez, revenez sur terre. Les grenouilles essayaient, mais étaient accablées par ces avertissements. Puis une grenouille, toute seule, arrive au sommet et crie victoire. La stupéfaction était totale. Comment était-ce possible ? On l’examina sous toutes les coutures. S’était-elle dopée ? Non. On s’aperçut très vite qu’elle souffrait d’un handicap sérieux. Elle était sourde.

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