On leur posait
la question : quelle est la capitale de votre pays ? Les uns
répondaient « Londres », les autres « Dublin ». Pendant la
Première et la Seconde guerre mondiale, les uns se battaient aux côtés des
Alliés, les autres prenaient officiellement position pour la neutralité. Les
uns liaient la religion protestante à l’Etat, les autres souhaitaient un État catholique.
Quand les uns meurent pour une autre patrie que les autres, la cohabitation est
impossible, la société ne peut pas se construire, quel que soit l’État, les uns
lui seront citoyens, les autres refuseront l’allégeance. Le suffrage universel
ne résout rien. Quand on lui demande de faire partager des valeurs aussi fondamentales
que l’appartenance nationale, le drapeau sous lequel on veut mourir, la
religion identitaire, il apparaît en fin de course comme la dictature d’une
majorité sur une minorité et le conflit ne cessera pas entre ces deux entités.
Quand la
construction d’un État unique est impossible, il faut renoncer et partager. C’est
ainsi que l’Irlande est partagée entre une Irlande majoritairement catholique et
une Irlande du Nord majoritairement protestante. Cette séparation n’est satisfaisante
pour personne. Les unionistes voulaient le maintien de l’Irlande toute entière
dans le Royaume-Uni, les républicains voulaient l’indépendance de l’île toute
entière. La partition s’est installée. Elle n’était pas satisfaisante, elle a
évité une sanglante guerre civile.
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