Les
individus séparés meurent de faim, de soif, d’isolement. Pour survivre, ils
doivent appartenir à une communauté qui prendra soin d’eux, depuis la naissance
jusqu’à sa mort, depuis le lait du sein maternel jusqu’au linceul. Pour
appartenir à cette communauté, il faut être né au bon endroit, sur une terre
reconnue, dans une communauté de base qu’on appelle famille, que l’adn, le gêne,
le livret de famille ou la carte d’identité permettra de reconnaître. Cette
communauté se développe et aspire à une organisation correspondant à ses
définitions historiques, ancestrales, inventées, construites, depuis des
siècles ou des semaines. La langue, la couleur de la peau, les vêtements, l’alimentation,
les jeux, les dieux, participent de cette définition. À une communauté doit
correspondre un gouvernement, à un gouvernement doit correspondre une communauté.
Cet ensemble a besoin d’étrangers pour se définir. Elle se définit d’abord
contre ceux qui ne lui appartiennent pas.
Heureusement, d’importantes communautés ont évolué vers
une définition ouverte et accueillante à l’égard de ceux qui sont différents. Noirs,
Musulmans, Juifs, Indiens, ils ont droit
à la carte d’identité, à la carte vitale qui permet les soins, livret de
famille qui permet l’accès à l’école. Mais les tentations d’épuration ethnique
ne disparaissent jamais. Entre soi, même uniforme, mêmes dieux, même langue, se
reconnaître, c’est naître ensemble. Et au pays Basque, des forces telluriques
souhaitent retrouver le pays Basque ancestral, une terre, une langue, un sang. Une
carte d’identité, une monnaie locale, une université séparée. On les appelle
nationalistes ou abertzale et ils
militent pour la préférence territoriale. Pour une fusion entre territoire et
gouvernement. Comme tous les nationalistes, ils estiment qu’il y a une seule
manière d’aimer son pays, c’est de demander une administration ethnique de ce
territoire. Ceux qui ne partagent pas ce point de vue ne sont pas patriotes. Ils
disent aimer le pays Basque mais ce n’est pas vrai. Le nationalisme, c’est le
pouvoir de définir la seule manière d’aimer le pays. Les cosmopolites croient
qu’il y a des manières différentes d’aimer le pays Basque. Les nationalistes
sont convaincus qu’il n’y en a qu’une seule : la leur.
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