École
Une
amie institutrice me conseille la lecture du magazine Marianne qui comporte un dossier sur l’école. Consternation. J’ai l’impression de me
retrouver quarante ans en arrière, quand le débat faisait rage entre pédagogie
et enseignement. Les mêmes phrases, les mêmes mots, les mêmes rancœurs rancies.
Le
système scolaire français est l’un des moins performants des pays développés.
Le système scolaire français est l’un des plus inégalitaires. Quand des
politiques, des administrations, des associations, des établissements tentent
de remédier à cette situation, les syndicats enseignants les plus
corporatistes, les plus conservateurs, grondent, se mettent en grève.
L’enseignement qui coûte le plus cher, celui des préparations aux grandes
écoles, est une chasse gardée et quand un gouvernement, comme celui de Claude
Allègre, a voulu toucher aux privilèges exorbitants des profs de prépas, ils
étaient tous dehors, manifestants, pas très loin, remarquez, Place de la
Sorbonne, à cent mètres à pied de Saint-Louis, Louis le Grand, Henri IV.
Ce
système de concours et de grandes écoles, singulier à la France, seul un gouvernement
socialiste l’a affronté. Contre les enseignants aussi, car il représente le débouché naturel des enfants
d’enseignants.
Qui
a souhaité et pris des mesures pour rapprocher le système des universités et le
système des grandes écoles ? Les socialistes. Tout doucement, par touches
successives, en bravant les énervements des Grandes écoles. L’évolution se fait
lentement. Un point pour les socialistes.
De
l’autre côté du système, vers le bas, les socialistes ont pris des mesures
financières (primes, et avantages pour la retraite) à ceux des enseignants qui
choisissaient de rester dans les établissements difficiles et à former ainsi
des équipes plus solides et plus efficaces.
Mettre
au compte des socialistes les tentatives difficiles mais obstinées de redessiner
la carte scolaire pour les écoles et collèges. Mettre à leur compte les
60 000 postes supplémentaires.
On
pourrait mettre au compte de la politique socialiste les revalorisations
successives. Les enseignants du primaire qui sont devenus prof des écoles et
suivent la même carrière que les profs certifiés. L’augmentation du nombre des
maîtres de conf et des profs dans les universités ainsi que des primes de
recherche et d’encadrement de doctorants.
Sur
les quarante dernières années, l’enseignement français a bougé lentement, mais
dans le bon sens, vers plus d’enseignants, mieux payés, mieux formés, avec des
réformes qui finiront par rétablir un peu, pas beaucoup mais un peu, d’égalité
des chances.
Contre
tous les obstacles. Les parents ne veulent pas de mixité. Les profs râlent
quand on enlève des heures ou quand on en ajoute. L’école est peut-être le
domaine où les pesanteurs sont les plus contraignantes. Malgré tout, on
réforme, on avance.
Pendant
ce temps-là, Marianne et tant
d’autres dénoncent les pédagogues, regrettent les dictées, la grammaire. Le bon
temps des blouses grises et du certificat.
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