Le millénarisme conçoit l’avenir comme un bonheur radieux qui doit
émerger d’une grande catastrophe. Ce mouvement moyenâgeux n’a jamais disparu de
la politique et ses avatars nous sont familiers : révolutions nationales,
fascismes rugissants, bolchevisme des lendemains qui chantent. Sous des formes
différentes, le millénarisme nous tire dans les bas-fonds, vers la vacuité
politique. Au lieu de participer à l’analyse des problèmes précis et de dégager
des solutions, les millénaristes s’ébattent dans la fange pour mieux illuminer
un avenir radieux. Jean-Luc Mélenchon va éliminer l’usurpateur et remettre le
peuple au pouvoir. Marine Le Pen va purifier un pays corrompu par le cosmopolitisme
et les étrangers. Nicolas Sarkozy va libérer les ambitions égoïstes. Tous les
anciens et plus récents ministres clament que ce n’est pas eux, mais lui. Depuis
la rentrée, l’étendard a été repris par un nouveau cavalier blanc.
Les grandes catastrophes je n’en veux pas. Les grands
bouleversements, je n’en veux pas. Les grandes lamentations je n’en suis pas.
Des solutions construites patiemment, je prends. Elles émergent rarement des jacqueries
ou dans la fièvre des meetings.
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