jeudi 29 septembre 2016

je reviens


Au festival latino, un film, X Quinientos, suit l’itinéraire de trois migrants, en Colombie, au Mexique, à Montréal, de la campagne à la ville. Pour les trois, c’est une immense catastrophe. Les trois se retrouvent délinquants, dealers, criminels, drogués, à la dérive, exclus du système scolaire. La solution, c’est le retour au village, le retour à la terre. Le sens du film apparaît clairement : bouger, c’est la catastrophe, pour ceux qui bougent et pour le pays qui les accueille. Il faut rester sur place.

            Pour des millions de migrants, quitter le pays représente une sortie de la misère, une libération de traditions étouffantes, pour les pays d’accueil, ces millions de migrants ont été une chance de développement. Le film confirme les scénarios catastrophes des églises et des crispés-de-la-frontière, restez chez vous, ne venez pas chez nous. Il conforte ainsi la musique dominante. Que chacun reste au village. Les églises n’aiment pas l’exil. Elles savent que ces millions de gens qui émigrent vont quitter les croyances, vont se libérer des traditions qui sont des rapports de force. Ne partez pas, disait l’église catholique de Dublin vous allez devenir des prolétaires ou des petits bourgeois. Vous allez être saisis par la débauche, la prostitution, la délinquance. Ne partez pas dit Jon Mirande avec les mêmes mots. Restez au village. Ne partez pas, disent les noués du territoire.  Vous allez oublier la langue et les danses basques au profit de contorsions perverses.

            Ayant fait le tour des églises, des croyances et de la modernité, j’écoute les sirènes panthéistes, je retourne au pays. Je vais apprendre la langue basque, m’inscrire aux cours de danse. J’abandonne la drogue, l’alcool, le tabac, le stupre et les joies frelatées de la Goutte d'Or. Attendez-moi, je reviens.

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