mercredi 31 mai 2017

qui est de gauche


Michael Christoffereson, Les intellectuels contre la gauche, l’idéologie antitotalitaire en France 1968-1981) 2009 (2004 pour l’édition anglaise.







Avant Soljenitsyne, il y eut l’affaire Kravchenko, avant Kravchenko, il y eut Koestler, le zéro et l’infini, 1984  de George Orwell, et Animal Farm, du même auteur. Avant tous ces auteurs, il y avait les témoignages d’émigrés de Hongrie, de Pologne, de Roumanie, qui nous racontaient des horreurs mais nous ne voulions pas les croire, ils étaient forcément des agents de la CIA, des ennemis du peuple. Il y avait une tante qui me donnait une liste d’écrivains juifs dont elle disait qu’ils avaient été fusillés par Staline, mais je ne voulais pas la croire et je n’ai jamais été vérifier. J’aurais pu. C’était le temps de la libération et l’URSS avait sacrifié des millions d’hommes pour nous. C’était le temps de la guerre froide et l’ennemi inventait des mensonges sur le pays du socialisme.

     Les partis communistes évoluèrent, prirent en compte l’attachement à la démocratie, aux libertés individuelles et collectives. Les communistes commencèrent à lire des livres interdits et à les comprendre. À entendre la vérité sur les camps, les procès, les goulags. Il fallut du temps. Auparavant, dans la période intérimaire, les livres et les films sur la vérité stalinienne étaient considérés comme de la propagande anticommuniste. Donc de droite.

     D’une certaine manière, dans son étude sur les mouvements intellectuels antitotalitaires Michel Christofferson reprend à son compte cette accusation. Dénoncer les crimes de Staline ou de Pol Pot, c’était prendre position contre la gauche, contre les idées de gauche, contre le progrès, contre le programme commun. Il est vrai que la droite « utilisait » ces crimes contre l’alliance PS-PC. Pour autant, les intellectuels qui dénonçaient les crimes étaient-ils de droite ?

     Il est possible maintenant de poser la question de manière plus sereine. Est-ce que dénoncer les crimes du stalinisme était de droite ou de gauche ? Qui a le plus souffert de ce régime dictatorial, sinon les paysans et les ouvriers en premier ?

     Sont-ils de gauche aujourd’hui ceux qui envoient des condoléances à la mort de Fidel Castro, qui soutiennent le dictateur du Venezuela ?

     Moi je trouve qu’ils sont de droite, qu’ils sont réactionnaires, archaïques, révisionnistes. Et qu’être de gauche, c’est refuser d’attribuer un label de gauche aux dictatures.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire