Michael
Christoffereson, Les intellectuels contre la gauche, l’idéologie
antitotalitaire en France 1968-1981) 2009 (2004 pour l’édition anglaise.
Avant Soljenitsyne, il y eut l’affaire Kravchenko, avant Kravchenko, il y
eut Koestler, le zéro et l’infini, 1984 de George Orwell, et Animal Farm, du même auteur. Avant tous ces auteurs, il y avait les
témoignages d’émigrés de Hongrie, de Pologne, de Roumanie, qui nous racontaient
des horreurs mais nous ne voulions pas les croire, ils étaient forcément des
agents de la CIA, des ennemis du peuple. Il y avait une tante qui me donnait
une liste d’écrivains juifs dont elle disait qu’ils avaient été fusillés par
Staline, mais je ne voulais pas la croire et je n’ai jamais été vérifier. J’aurais
pu. C’était le temps de la libération et l’URSS avait sacrifié des millions d’hommes
pour nous. C’était le temps de la guerre froide et l’ennemi inventait des
mensonges sur le pays du socialisme.
Les partis communistes
évoluèrent, prirent en compte l’attachement à la démocratie, aux libertés
individuelles et collectives. Les communistes commencèrent à lire des livres
interdits et à les comprendre. À entendre la vérité sur les camps, les procès,
les goulags. Il fallut du temps. Auparavant, dans la période intérimaire, les
livres et les films sur la vérité stalinienne étaient considérés comme de la
propagande anticommuniste. Donc de droite.
D’une certaine manière, dans
son étude sur les mouvements intellectuels antitotalitaires Michel
Christofferson reprend à son compte cette accusation. Dénoncer les crimes de
Staline ou de Pol Pot, c’était prendre position contre la gauche, contre les
idées de gauche, contre le progrès, contre le programme commun. Il est vrai que
la droite « utilisait » ces crimes contre l’alliance PS-PC. Pour
autant, les intellectuels qui dénonçaient les crimes étaient-ils de droite ?
Il est possible maintenant de
poser la question de manière plus sereine. Est-ce que dénoncer les crimes du
stalinisme était de droite ou de gauche ? Qui a le plus souffert de ce
régime dictatorial, sinon les paysans et les ouvriers en premier ?
Sont-ils de gauche aujourd’hui
ceux qui envoient des condoléances à la mort de Fidel Castro, qui soutiennent
le dictateur du Venezuela ?
Moi je trouve qu’ils sont de
droite, qu’ils sont réactionnaires, archaïques, révisionnistes. Et qu’être de
gauche, c’est refuser d’attribuer un label de gauche aux dictatures.
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