L’histoire nous arrive toujours de manière inédite. La
porte qui s’ouvre n’est jamais celle qu’on attend. Quel était notre rêve depuis
que nous avions rompu avec le grand soir et les matins qui déchantent ? Nous
cherchions la fin des postures destructrices, conservatrices, la fin des
colères mortifères. Nous n’en pouvions plus des camps qui s’affrontent en
guerre civile, où chaque alternance commençait par la destruction de ce qui
avait été accompli avant de repartir dans des directions opposées. Nous
souhaitions un champ politique où s’affronteraient réformisme contre conservatisme,
ouverture au monde contre repli identitaire, démocrates contre aristocrates,
solidarité contre égoïsme, soif d’avenir contre nostalgie.
Venu de nulle part, inconnu il y a encore un an, Emmanuel
Macron a su saisir les circonstances et nous ouvre la porte cadenassée. Nous
avions réussi à terrasser un parti communiste désuet, mais les rêves de
changements cauchemardesques n’avaient pas disparu. La phrase et les postures révolutionnaires
renaissaient de leurs cendres au sein du parti socialiste, entravant les
réformes, empêchant les débats. Le PC renaissait dans les habits de l’insoumission.
Nous avons contribué à démasquer ses héritiers.
Nous avons contribué au naufrage du candidat socialiste choisi
par les primaires. Les héritiers du PCF régressent en quatrième position. À droite,
le retour des extrémismes nationalistes suivaient des routes parallèles. Fillon
et Le Pen remplaçaient la devise républicaine par travail, famille, patrie. Dans
les réunions, les assemblées, les manifestations, l’emporte toujours celui qui crie
le plus, qui dénonce le plus. Et voilà qu’un changement fondamental a eu lieu.
La droite qui flirtait avec l’extrême droite est défaite, les héritiers de
Maurras sont à la peine, la rébellion communiste dont le flambeau a été repris
par Mélenchon est reléguée en quatrième place, et le PS qui avait choisi la
fronde s’enfonce dans les sous-sols.
Tous ceux qui voulaient renverser la table ont chu et la
table a été renversée, sans eux et contre eux.
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