J’avais neuf
ans, une étoile jaune sur un manteau noir et je me rappelle ces adultes qui
venaient me caresser les cheveux dans le métro. J’avais neuf ans et je me
rappelle ce policier français qui est venu la veille de la rafle du vel d’hiv,
nous prévenir qu’il fallait partir d’urgence. Réfugié dans la Creuse, j’avais
dix ans et jamais je n’ai eu peur d’être dénoncé à la police de Vichy.
Je ne
comprends pas la résurrection de cette haine. Mais il faut raison garder. De
cette période que j’ai connue, l’antisémitisme était religion d’état. Aujourd’hui,
L’antisémitisme est massivement rejeté par les institutions, les églises, les
partis, l’ensemble de la population. Au niveau de l’état, des écoles, des
institutions, personne ne le justifie, ne le légitime. Tout le monde demande :
mais que peut –on faire pour lutter contre la haine ? Mais ce que vous
faites ici. Ce que vous faites tous les jours, dans vos foyers, dans vos
classes, dans vos partis, dans les repas de famille.
Il faut
continuer. Et se rappeler tous les jours qu’on ne remplace une haine par une
autre haine. En Allemagne nazie, la haine des Juifs n’était pas bon signe pour
les tziganes ou pour les homosexuels. En URSS, l’antisémitisme d’état qu’on
appelait antisionisme n’était pas bon signe pour les Ukrainiens ou pour les Tchétchènes.
Ceux qui pensent qu’on lutte contre l’antisémitisme
en choisissant d’autres boucs émissaires se trompent lourdement.
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