Quelques réflexions sur les remous du temps.
Les
médias ont-ils fabriqué les gilets jaunes ? Ces images en boucle, ces
paroles dupliquées, ces débats sans fin… Je suis tenté de répondre oui. Le
mardi 5 février, la CGT organise une manifestation à laquelle se joignent des gilets
jaunes. Quelques dizaines de milliers de manifestants. Plus que le samedi
précédent. Pas de casse. Je regarde les infos de 20 heures. 35 secondes. Pas
plus. Si les manifestants avaient cassé, brûlé, pillé, combien de temps pour
la manifestation de la CGT ? J’ai d’autres souvenirs. Familier du conflit
nord-irlandais, je me rappelle les journaux télévisés : des batailles
rangées, des voitures incendiées, des explosions, des morts. L’Irlande du Nord
était quotidienne. Puis le conflit s’est arrêté. Les anciens protagonistes se
sont mis à discuter, à tracer des compromis sur des parchemins. L’Irlande du
Nord a disparu des écrans. Les micros et les caméras furent rangées et dirigées
vers d’autres lieux de morts, de flammes et de stupeur.
La
conclusion semble s’imposer : les médias sont responsables. Sauf que. Si
une chaîne de télé montre en boucle des affrontements, des incendies, bagarres,
des blessés, vous, moi, nous, par millions, restons scotchés pour regarder les images. Si une chaîne
montre une salle de réunion où protestants et catholiques discutent pour faire
la paix, au bout d’une minute, si vous n’êtes pas spécialement intéressés, vous
allez chercher sur une autre chaîne le bruit et la fureur.
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