Tu
es vraiment inquiet, demandent une amie. Oui et non. L’EPCI n’est pas un état.
Un état-nation. Ce n’est pas Daech, ni la Pologne, ni la Hongrie. Ni l’Egypte,
ni l’Algérie, ni le Yemen, ni l’Arabie saoudite, ni la Syrie. Ni la République
tchèque. Ni la Bosnie. Ni la Turquie. Ces jours-ci montent une étrange
ambiance, comme une armée des somnambules qui se dirige vers l’abîme.
Tranquillement. Demain, le pays Basque sera transformé en réserve indienne. Pas
tout de suite. Lentement. Des écoles enseigneront les langues des ancêtres.
L’inspecteur de police mènera des enquêtes avec l’aide d’un chaman. Les terres
seront rendues à leurs propriétaires et les familles installeront sur les axes
routiers des stands de souvenirs et de pacotilles. L’alcool coulera à flots.
Les jeunes qui restent sombreront dans la drogue. Les filles partiront dans les
universités de la côte. Les touristes visiteront, achèteront, parleront. Les
ancêtres regretteront le temps des manifestations pour récupérer les terres
ancestrales. Ils condamneront les faux Indiens qui ont oublié leur langue, leur
religion, qui travaillent en ville, qui deviennent docteurs, professeurs, et
pire que tout, touristes. Ils verront leurs petits-enfants porter des coiffures
en plumes, recevoir un arc pour Noël et pour les plus riches, un poney qui
restera dans la réserve, qu’ils viendront monter de temps en temps pendant les
vacances scolaires. Les somnambules avancent, ils ne peuvent pas imaginer la
transformation de leur pays en réserve indienne.
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