Tout le
monde pense que c’est un débat pour rien. Je ne suis pas d’accord. Il a révélé
les choix qui s’ouvrent à nous.
Si vous
pensez que la situation est révolutionnaire, qu’il faut renverser la table, qu’il
vaut mieux une insoumission rebelle qu’une réforme durable, si vous avez frondé
pendant les cinq ans du gouvernement Hollande, si vous avez manifesté contre la
loi El Khomri, alors le débat d’hier
soir a tranché : il vaut mieux voter Mélenchon que Hamon. Comme héritier
de l’impuissance du PCF de Marchais, Mélenchon s’impose sans conteste.
Si vous
pensez que la solution à tous vos problèmes est la fermeture des frontières, si
vous avez la nostalgie du clocher de votre village, des blouses grises qui s’inclinaient
devant le châtelain, si vous êtes orphelin du récit national et de viens poupoule viens, alors le débat d’hier
soi a tranché, il vaut mieux voter Marine Le Pen que François Fillon. Comme
héritière des heures les plus sombres de notre histoire, de la France de la
peur et de la haine, elle s’impose évidemment.
Un seul
candidat a été capable de dire qu’il était parfois d’accord avec Fillon sur tel
aspect, avec Hamon sur tel autre, avec Mélenchon sur un autre point. Cette
manière de combler les tranchées, de rassembler ce qui peut l’être, c’est sa
marque de fabrique. C’est évidemment plus compliqué à entendre, puisqu’il
écarte les solutions simples et les slogans vides. Mais c’est bien une autre
manière de faire de la politique. J’ai apprécié les hésitations d’Emmanuel
Macron, son absence de ton péremptoire, ses colères contre les simplifications
frontistes.
À dire
vrai, j’avais décidé de voter pour Macron avant le débat, donc ceux qui pensent
que le débat n’a rien changé n’ont peut-être pas tout à fait tort.
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