Qui aime
le Pays Basque ?
Hier, il y avait ceux qui aimaient le Pays Basque tellement
fort qu’ils allaient planter des rats crevés à la porte d’un universitaire historien
de la littérature basque. Ceux qui aimaient le Pays Basque tellement fort qu’ils
assassinaient une mère de famille qui demandait que cesse la terreur, après
avoir couvert les murs de messages de haine dénonçant cette héroïne des temps modernes
comme traître à la cause, vendue, repentie, renégate, apostat. Ils aimaient le Pays
Basque tellement fort qu’ils en chassaient les chanteurs les plus connus, qu’ils
saccageaient les ateliers de sculpteurs, qu’ils obligeaient les journalistes et
les hommes politiques à se promener dans les belles rues de leur beau pays avec
des gardes du corps.
Ils aimaient le Pays Basque tellement fort qu’ils l’ont
saccagé pendant plus d’une génération, qu’ils en ont sali les paysages,
militarisé sa jeunesse, enseigné la haine et folklorisé la culture.
Aujourd’hui, il y a ceux qui aiment le Pays Basque tellement
fort qu’ils considèrent les assassins comme des héros, qu’ils veulent blanchir
la terreur, amnistier les criminels et danser l’ezpatadantza sur les dépôts
d’armes.
Il y a ceux qui aiment le Pays Basque tellement fort qu’ils
veulent l’enfermer dans un bunker administratif, dans une bureaucratie
linguistique, dans un bouillon de communes où viendront s’ébrouer des
bascophones certifiés pour traduire les notes de service.
Il
y a ceux qui aiment le Pays Basque tellement fort qu’ils veulent transformer la
majorité de ceux qui l’habitent en étrangers. Ils crient « on est chez
nous », « si vous n’êtes pas d’accord, vous n’avez qu’à partir »,
« nos ancêtres les Basques », ils crient « préférence nationale ».
Et
puis il y a vous et moi, qui sommes assez forts, assez nombreux, assez
déterminés, pour protéger le Pays Basque des marchands d’identité.
Mais
justement, nous sommes assez nombreux, nous sommes assez forts, mais
sommes-nous assez déterminés ?
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