Lignes
rouges
Les habitants
d’un pays, d’une région, d’un territoire, d’une communauté d’agglo, d’un bourg,
d’un village, d’un quartier, ont le droit de croire, de pratiquer une religion,
de refuser de manger du porc ou de la viande en général, de ne pas forniquer le
jour du Seigneur ou de ne pas se masturber pendant Yom Kippour. Ils ont le
droit de penser que le mariage entre deux personnes du même sexe est contre
nature. Ils ont le droit d’estimer que chaque ovule, chaque spermatozoïde, est
un être vivant et que chaque obstacle artificiel, chaque préservatif, chaque
pilule anti contraception, chaque coïtus interruptus, massacre des millions de
ces êtres vivants. Ils ont le droit de parler arabe, basque, gaélique. Ils ont
le droit de penser qu’un etarra est un prisonnier politique et que lancer une
bombe dans une école est un acte de piété.
En échange de
ces libertés de croyance, ils doivent
accepter qu’aucune de ces croyances, aucune de ces pratiques, ne peut être
imposée à l’ensemble du pays, de la région où ils vivent. Ainsi, ils peuvent
refuser l’IVG, mais ne doivent pas l’interdire à ceux qui veulent y recourir.
Ils peuvent se couvrir la tête d’un voile mais accepter qu’on puisse se
promener dans tous les lieux publics cheveux au vent. Ils peuvent refuser de
monter dans un TGV, mais pas l’interdire à ceux qui l’empruntent régulièrement.
Ce qui est
inacceptable, c’est qu’une fraction de la population, même si elle est
majoritaire, impose ses croyances à une autre fraction, même si elle est
minoritaire. A Belfast, quand les protestants dirigeaient la ville, les jardins
publics étaient fermés et les manèges cadenassés car il était interdit de se
promener ou de s’amuser le jour du seigneur. Cela s’appelle dictature. La
dictature d’une majorité sur une minorité. Quand une partie du pays impose ses
croyances à tout le pays.
La question
qui se pose au Pays Basque français est de déterminer quelles sont ces lignes
rouges qu’il ne faut pas franchir sous peine de devenir un ghetto culturel,
sous peine de cliver la société en vrais basques et en touristes. Sous peine d’une
guerre civile larvée.
Quand des
abertzale demandent des crédits et des salles aux contribuables, à vous et à
moi, pour enseigner la langue, et qu’ils accrochent des cartes où la frontière
qui sépare le Pays Basque espagnol et français a disparu, ils imposent à tous
les habitants une conception identitaire de leur territoire. C’est une ligne
rouge. Vous voulez des crédits ? Très bien. Les cartes sont celles de la
République. Quand les patriotes effacent les noms français sur les panneaux,
ils imposent leurs croyances à l’ensemble des habitants qui acceptent le
bilinguisme, mais certainement le monolinguisme basque.
Quand les
abertzale du Pays Basque français imposent à tous ses habitants une communauté
d’agglo identitaire. Que ceux qui s’opposent à cette communauté sont insultés,
déclarés ennemis du peuple basque, voici une autre ligne rouge qui a déjà été
franchie. Car désormais, cette communauté d’agglo impose à l’ensemble de la
population du territoire ses conceptions, demande l’officialisation de la
langue basque, demande de soutenir les opérations de blanchiment de la terreur
basque, crée des insignes qui séparent les locuteurs basques de ceux qui ne le
parlent pas. Petit à petit, les jardins publics se ferment, les manèges se
cadenassent, une partie de la population impose ses croyances, sa culture, à
l’ensemble. Et fait régner une telle pression que les opposants n’osent plus
s’exprimer de crainte d’être labellisés ennemis du peuple basque.
Comment lutter
contre ces dérives ? D’abord les nommer pour ce qu’elles sont : des
lignes rouges.
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