12 septembre 2018
Le groupe des lanceurs d’alerte a explosé. Il n’existe
plus. Pour une part, cette explosion est dûe à son succès. Seul à exprimer une
voix divergente dans l’unanimité blanchissante, il avait toutes les raisons
d’être entendu par les pouvoirs publics, par les médias. Il n’est plus seul.
Est-ce qu’il est encore nécessaire ?
Nous étions suivis avec attention par les associations
de victimes au Pays Basque espagnol soumises à une forte pression : les
anciens terroristes demandaient : « pourquoi cette sortie du
terrorisme apaisée et réconciliatrice du Pays Basque français n’est-t-elle pas
possible chez nous ? ». Désormais, cette étape est franchie. Nous nous
dispersons, mais nos idées sont intactes. Nous entraînons dans notre chute les
blanchisseurs. On peut célébrer notre victoire, mais ce serait de toute manière
une célébration terminale. Notre raison d’être était d’exploser l’unanimité.
Notre mode d’action : inlassablement, jour après jour, réunion après
réunion, délégation après délégation, interpellations dans les rues et dans les
salles : nous répétions aux alliés des blanchisseurs que leur suivisme était
une insulte aux forces qui ont résisté à la terreur en Espagne. Dans cet
objectif, un lien fort avec les victimes espagnoles était fondamental pour
notre succès et pour la résistance au négationnisme.
Le groupe a réussi à détacher petit à petit des
personnes politiques qui refusaient la soumission. Des élus se sont démarqués
publiquement : Alain Robert, Brigitte Pradier. Des élus qui s’exprimaient
silencieusement sont sortis du bois, comme Guy Lafite à la conférence de presse
de Fernando Savater à Bayonne. Philippe Buono, responsable de La République en
Marche au Pays Basque, d’autres militants de La République en Marche ont
déclaré que les appels à manifester avec les blanchisseurs étaient une sottise.
Que la sculpture funèbre était une faute insensée. Frédérique Espagnac, Colette
Capdevielle, Florence Lasserre, ont boycotté la sculpture. Les soubresauts de
cette discussion agitent les réunions de La République en Marche 64, remettent
en cause les alliances, revisitent le passé, ravivent les blessures anciennes
provoquées par le pacte MODEM/La République en Marche. Nous en sommes là. Aux
membres de La République en Marche de s’investir et de participer à la
discussion. La prochaine rencontre Macron/Sanchez et les élections européennes rendront
impossibles les postures, les ruses, les silences éloquents et les convictions
silencieuses.
Curieusement, le débat n’agite pas les autres partis
qui avaient vendu leur âme au diable abertzale. LR et Max Brisson ne semblent pas comprendre le sens de la
rencontre au sommet sur la question du post-terrorisme et cherchent à maintenir
des liens avec les identitaires. Le PS pourrait profiter de la défaite des
artisans les plus farouches de la soumission pour se refaire une santé, mais les
rares socialistes qui ont exprimé leur désaccord sur l’orientation
pro-blanchisserie, restent bien seuls et paraissent se résigner à chercher une
sortie du côté de La République en Marche, aux côtés de Guy Lafite et de moi-même. Ce qui complique les
choses, évidemment, ce sont les tractations en vue des élections municipales.
Pour les européennes, il suffira de déléguer le débat au national sans trop
s’engager. Mais pour les municipales, il y aura des alliances bizarres, entre
La République en Marche, Modem, certains LR, et chacun voudra mettre la
question identitaire sous le tapis. La reprise par EH Baï des revendications
autonomes sera un des éléments du débat. La grande blanchisserie n’a pu
fonctionner que parce que les uns et les autres ont mis de l’eau dans leur vin.
Les abertzale étaient moins indépendantistes, les républicains moins jacobins.
Maintenant chacun reprend ses billes.
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