mercredi 3 octobre 2018

ahurissant silence


Ce qui est bien dans la vie politique locale, c’est que nous connaissons, les élus, ils vous saluent quand vous les rencontrez, ils  vous demandent comment vas-tu, puisqu’ils vous tutoient même. Ces élus de proximité, que je connais personnellement, la plupart des conseillers de la ville, plus une sénatrice socialiste, Frédérique Espagnac, un sénateur LR, Max Brisson, un député Modem majorité présidentielle, Vincent Bru, ces élus donc sont prolixes sur des sujets aussi importants que l’introduction d’un ours dans les Pyrénées ou le manque d’un professeur de basque à la rentrée, mais se taisent sur les sujets qui peuvent fâcher. Sur les migrants, par exemple, pas un mot. Sur la réforme des retraites, motus et bouche cousue. Sur l’Europe, sur la PMA. Et maintenant ce silence à proprement parler ahurissant sur la rencontre entre Edouard Philippe et Pedro Sanchez qui célébrait le 1° octobre la coopération entre France et Espagne pour vaincre la barbarie d’ETA.

 

Parce qu’il faut savoir que ces élus de proximité ont passé l’année qui vient de s’écouler à soutenir activement, par des paroles, des visites dans les prisons, des soutiens à des manifestations, à des opérations de blanchissement de la terreur avec les organisations basques les plus radicales. Ils ont parlé, ils ont crié, ils ont trépigné, on les entendait sur les estrades, dans les radios, ils écrivaient dans les journaux locaux, expliquaient à quel point il était important d’oublier la barbarie, de pardonner sans juger, de transformer des terroristes en prisonniers politiques. Je n’invente rien, vous les avez entendus. J’ai gardé les articles, les déclarations, tout est accessible à qui veut bien se renseigner. Ils étaient derrière une banderole « nous les voulons à la maison ». Ces terroristes qui ont tué, torturé, séquestré, mutilé, terrorisé, ils les voulaient à la maison. Pas un mot de compassion pour leurs victimes. Pour Bru, Brisson, Jean-René Etchegaray, tous ces morts sont un détail de l’histoire basque.

 

Et puis cette rencontre. La France remet à l’Espagne tous les dossiers, les armes, les informations qui lui permettront de poursuivre les enquêtes et les condamnations des assassins. Dans cette rencontre, Sanchez et Philippe se réjouissent de la victoire remportée contre l’organisation terroriste. Point final. Victoire des démocraties, défaite des terroristes. Sans jamais oublier leurs victimes.

 

Mot pour mot, point par point, c’est l’inverse de la stratégie des artisans de la terreur, des blanchisseurs de sang. Et les élus qui sont ainsi condamnés se taisent. EH Bai et EH Sortu réagissent. Cette rencontre de Madrid est une logique de « gagnants perdants » disent-ils dans leur communiqué. Nous ne sommes pas en paix tant qu’il reste des prisonniers. C’est bien ce qu’avaient compris  au Pays Basque français une « classe politique responsable et engagée ». Ils désignent ainsi Vincent Bru, Max Brisson, Frédérique Espagnac et Jean-René Etchegaray. Responsables et engagés.

 

Mais ces responsables engagés sont muets. Ils sont condamnés publiquement, on pourrait dire humiliés par les responsables de leur pays. Ils ne disent rien. Ils rasent les murs. Ils fuient. Ils se cachent. On ne saura pas ce qu’ils pensent de cette rencontre historique qui condamne une imposture majeure.

 

Je préfère de loin la clarté des abertzale radicaux. Ils condamnent la rencontre qui salue la victoire contre leurs ancêtres barbares. Mais le mouvement des artisans de la paix, que dit-il ?

Ils ont pris un sacré coup après la manifestation contre la sculpture de la honte, qui se cache aussi profondément que ses mécènes. Et maintenant, ils n’existent plus. Ils se taisent.

 

Je sais pourquoi. C’est parce qu’ils n’ont pas lu le discours d’Edouard Philippe. Naguère, quand les terroristes assassinaient et terrorisaient, ils regardaient leurs chaussures. Ils ne voulaient rien savoir. Ça continue. Ils ne veulent pas savoir ce qu’il se passe en Espagne. Trop dérangeant, il y a des associations de victimes, des cimetières.

 

La solution est simple. Je vais imprimer le discours d’Edouard Philippe et je le porterai avec mes amis dans leur permanence. Dans les jours qui viennent.

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