Rabat
Dans le train Biarritz
Montparnasse personne ne prie. Dans l'avion Paris Rabat, ma voisine de gauche
passe les deux heures et demi voyage à prier, les mains grande ouvertes sur la
tablette. Avant de s'embarquer, il faut faire la queue devant l'enregistrement
des bagages, puis les différents sas de sécurité devant des agents à qui j'ai
appris à dire désormais que ma prothèse de la hanche déclenché les stridulences
des portiques. Grâce à ma canne, je survole les files de voyageur.
Dans l'avion, le
journal le Matin donne des nouvelles
du Royaume. Journal officiel illisible Comment remplir trente pages pleines de
rien.
Par France 24, nous
apprenons ce que nous savions déjà, Benoît Hamon en tête au premier tour et le
ralliement de Martine Aubry au chef des jeunes socialistes. Je vais voter
Manuel Valls au second tour.
Maroc Une situation
complexe. Ce ne sont plus les années de plomb, mais une surveillance permanente
ouverte, sans vergogne. Des téléphones, sans doute, mais aussi de la vie
privée, un contrôle de la presse et des grands moyens d'information. Le
colloque sur la diffamation a eu lieu sans interdit, personne ne va en rendre
compte. Le jour du colloque, à Rabat, mercredi 25 janvier, un autre colloque a
été organisé à Casablanca, sur le même sujet. Un ‘contre-colloque » sans
doute. Une conférence d'un responsable des droits de la presse, un officiel,
devant des journalistes de la presse francophone, sur le même thème, la déontologie
des journalistes, la censure, etc. Deux pages dans la presse quotidienne du
jeudi et vendredi suivant, rien sur le colloque de Rabat.
Rien sur le procès en
cours. Sept intellectuels, militants, journalistes, poursuivis pour des motifs
divers surtout pour avoir reçu de l'argent de l'étranger, une accusation
familière dans les systèmes non démocratiques, comme dans la Russie de Poutine.
Le procès a déjà été reporté six fois. Ce sera une septième fois. Semble-t-il
pour non envoi de convocations. Il ne s'agit pas de condamner encore que les
séjours en prison et les tabassages ne soient pas absents des témoignages, mais
surtout de faire planer la peur. Une crainte permanente, pas les années de
plomb, mais les années crainte. Le lendemain du colloque, nous sommes allés
visiter des ruines romaines. Deux hommes en imperméable nous observaient. Nous
avons quitté les ruines pour visiter le mausolée, un monument aussi luxueux que
l'appartement de Trump, ça donnerait envie de mourir sur place, et nous
retrouvons nos deux pieds nickelés qui nous observent. Je m'approche et je leur
dis, mais vous étiez déjà aux ruines romaines? Et maintenant vous ici? L'un d’eux
me répond: nous sommes partout. Ils ne se cachent pas, ce ne sont pas de
mauvais policiers, au contraire, ils affirment leur présence et leur rôle est précisément
de se montrer. Que les gens sachent qu'ils sont surveillés. Pour qui passe
trois jours à Rabat, ça n'a pas beaucoup d'importance, pour qui vit là-bas, c'est
insupportable.
En même temps, pour une majorité de Marocains,
pour les puissances occidentales, la famille royale au Maroc est une protection
contre l'islamisme meurtrier et intégriste.
Voir en pièce jointe ou sur mon blog mon
intervention à ce colloque.
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