Michel Berthcoirigoin veut « réparer les
victimes ». (Sud-Ouest 2 janvier 17)
Le conflit armé au Pays Basque peut porter deux noms
différents. Ou bien il s’agit d’une guerre de nationalistes basques contre
l’impérialisme espagnol et français. Ou bien il s’agit d’une entreprise d’un
groupe minoritaire qui voulait imposer ses objectifs par la terreur.
Ces analyses différentes conduisent à des
conclusions différentes. S’il s’agit d’une guerre, les combattants arrêtés ne
sont pas des terroristes, mais des prisonniers de guerre. On peut offrir
l’armistice, signer un traité de paix, négocier les modes de reddition et de
restitution des armes. S’il s’agit d’une
entreprise terroriste, il faut considérer les combattants comme des criminels,
les arrêter et les condamner.
La grande majorité des Basques espagnols et français
considère qu’il s’agissait d’une entreprise terroriste. La grande majorité des
Basques espagnols et français considère que les 21 morts d’Hipercor, les 830
morts, les assassinats de gendarmes, de conseillers municipaux, de maires,
d’entrepreneurs, la collecte mafieuse de l’impôt révolutionnaire, n’étaient pas
des actions de guerre, mais des actions terroristes. Ils l’ont manifesté par
centaines de milliers dans les rues du Pays Basque et par centaines de milliers
dans les urnes. Les partis politiques qui soutenaient ces actions n’ont jamais
obtenu qu’un appui marginal.
Battus dans l’opinion, réduit en nombre par les
arrestations, fatigués par la prison ou par la clandestinité, les etarras ont
décidé d’arrêter leurs activités meurtrières et de cesser le feu. Ils sont
persuadés que le silence des armes les transforme en résistants légitimes. Ils
réussissent à entraîner dans ce sillage une partie de la société basque,
surtout au Nord où les dégâts ont été moins importants.
Les innocents participants à Louhossoa adoptent la
première analyse. Le processus de paix était bloqué, dit Michel Berthcoirigoin,
ancien président de la chambre d’agriculture alternative du Pays Basque. Les
gouvernements français et espagnols restaient dans une « position de
reddition absolue de l’ETA ». « Cela pouvait aboutir à quelque chose
de dangereux ». Ils ont donc décidé, avec l’accord de l’armée
nationaliste, (ETA) de neutraliser un stock d’armes. Comme l’ETA avait annoncé
qu’elle n’était plus une organisation armée, cela ouvrait des perspectives inédites.
Quand il a été arrêté, il s’est aperçu que les
enquêteurs étaient spécialisés dans la lutte antiterroriste. Comment peut-on
ainsi amalgamer des poseurs de bombes, des kidnappeurs, les assassins de Yoyès,
à des terroristes ? Bonne question. D’ailleurs, le désarmement permettra,
lisez la suite sans hurler, permettra, je cite, « la réparation des
victimes ». Vous comprenez la différence ? On ne pourra jamais
réparer les victimes du Bataclan ou de Nice, mais les victimes de l’ETA, on
peut les « réparer ».
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