Vendredi
15 septembre 17. Réunion du comité de Biarritz de LREM (la république en
marche). Une quinzaine de présents, dont Vincent Bru et des animateurs qui n’ont
jamais été élus, qui ont été désignés par le référent 64 qui lui-même a été
désigné par le national qui lui-même a été désigné par le président.
Qui
a élu Emmanuel Macron président de LREM ?
Personne. Qui l’a élu président de la république ? Les électeurs, le
peuple, vous, moi. Entre les deux, un mouvement et une situation politique qui
fait mentir la maxime de Lavoisier : « rien ne se perd, rien ne se
crée, tout se transforme ». LREM n’est pas né de la transformation des
partis traditionnels. Ils ont sombré, ils ne se sont pas transformés. LREM s’est
créé tout seul, en dehors du terreau politique. Généralement, les grands mouvements,
les grands partis politiques, les grands leviers des transformations pacifiques
ou brutales, se développent lentement, les historiens peuvent repérer leur
naissance et leur itinéraire. Partis nationalistes, conservateurs,
travaillistes, communistes, fascistes, ont une histoire. On a le temps de s’habituer,
de les soutenir, de les combattre. LREM est apparu dans la vie politique il y a
moins de deux ans, le temps de tout conquérir, la présidence, l’assemblée
nationale, le temps d’écrémer les partis qui du jour au lendemain, ont pris des
rides et des cheveux blancs. Ceux qui s’intéressent à la vie politique, qui
militent, qui discutent, sont effarés. Tout ça va trop vite. Le succès de
Mélenchon et de la France insoumise est pour une part dû à ce qu’il a su
ramasser les pièces éparpillées d’une histoire ancienne, reconstruire un musée
familier, où les mots d’ordre, les actions, les colères, fabriquent le seul univers
connu dans un monde disloqué. Pendant mon périple aux États-Unis, nous allions
visiter de surprenants musées où étaient rassemblés des meubles, des
instruments de cuisine, des radios et des dentelles des années 1930. Les
visiteurs se pressaient parce qu’ils voulaient savoir comment grand-mère faisait
des confitures. Il en va ainsi de la France Insoumise, aussi populaire que les
grottes du Larzac. Ils ont même réussi à reconstituer à partir de quelques
ossements, l’Union soviétique des années de guerre froide qui s’appelle aujourd’hui
le Venezuela.
La
rapidité est source de fragilité. Les militants expérimentés sont souvent
conservateurs, mais ils assurent une certaine solidité, une certaine stabilité
aux entreprises nouvelles. À cette vitesse-là, peut-on construire un mouvement s’appuyant
sur des convictions, des engagements, des réflexions ? Je m’inquiète. Le mouvement
créé par Emmanuel Macron doit se muscler, former des militants, devenir
une université de l’avenir où se mêlent formation et recherche. Je ne suis pas
inquiet pour les députés nouveaux. Plongés dans l’eau, ils apprendront à nager.
Je m’inquiète pour l’avenir de LREM qui est encore une grande bâtisse brinquebalante.
Sans fondation, sans cave ni grenier. Ce n’est pas un hasard si dans les
Pyrénées Atlantiques, le nouveau parti a été incapable de présenter des
candidats pour les élections sénatoriales. Pour les législatives, les candidats
ont été imposés d’en haut. Comme il n’y a pas eu de directives pour les
sénatoriales, les militants du 64 n’ont pas su présenter un candidat.
Travaux
pratiques. Dans la réunion du 15 septembre, j’ai proposé ce que mes lecteurs
connaissent déjà, une discussion sur la dérive identitaire au Pays Basque. Notamment
la participation sans aucun esprit critique à l’entreprise de blanchiment de la
terreur initié par des négociations entre des abertzale modérés et ce qui reste
de l’ETA. Vincent Bru a participé à ces
agapes insultantes pour les victimes, avec les anciens députés socialistes. Je
suis préoccupé de ces dérives qui s’ajoutant à un ralliement béat à une
organisation identitaire du Pays Basque (la nouvelle communauté) risque de
conduire à la prise du pouvoir local des nationalistes, comme cela s’est passé
en Corse et en Irlande du Nord. Sur les trois cent mille personnes qui habitent le Pays Basque, je
connais au moins une dizaine de personnes qui partagent mes inquiétudes. Je
travaille patiemment à doubler ce chiffre.
La réaction à ma proposition confirme mes craintes sur le mouvement
naissant. La réunion a pour but de mobiliser les marcheurs pour défendre les
ordonnances. Bien. C'’est utile et nécessaire. Mais sur le Pays Basque ? C’est
une question locale, donc il ne faut pas discuter. On ne discute que de questions
nationales. Puis, est-ce que ça intéresse quelqu’un ? Puis, pourquoi en
discuter à Biarritz seulement, puisque la question se pose à l’échelle du Pays
Basque ? On me demande quel est mon objectif. Les réponses à ma
proposition sont multiples, hésitantes, contradictoires. Mon objectif ? Il
est tout simple : que le député qui me représente, participe au printemps
prochain, avec une délégation du Pays Basque, à l’inauguration d’un monument
aux victimes du terrorisme à Vittoria. Et qu’il fausse connaître rapidement sa
participation, afin d’éviter l’accusation d’un ralliement aux thèses
indépendantistes.
Mais voilà, il n’y a pas sur ce sujet de directives
nationales. Les responsables doivent décider tout seul. Ils sont donc un peu
perdus. Donc ils vont discuter. Je vous tiendrai au courant.
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