Moi,
inlassablement, je dis regardez la carte du monde, regardez les pays, voyagez.
Où préférerez-vous vivre ? Dans les pays d’où l’on immigre ou dans les
pays que les migrants choisissent ? Je suis heureux à chaque minute de mes
journées de vivre dans un pays qui attire les migrants. L’exemple le plus
achevé de cette réalité est l’Irlande. La misère, le sous-développement, la
famine, firent du pays une terre d’émigration massive. En un siècle, il perdit
la moitié de sa population. Les Irlandais émigraient vers la Grande-Bretagne,
vers les États-Unis, vers l’Australie, le Canada. Il exportait ses
intellectuels, ses entrepreneurs, ses chanteurs, ses poètes, et ne restaient au
pays que des prêtres sans culture, un clergé arrogant. Misère morale et misère
matérielle. L’emprise de l’église catholique était totale. Puis l’Irlande s’est
modernisée, hissée au niveau des autres pays européens, l’émigration changea de
sens, elle attira les migrants de l’Europe de l’est, les migrants africains,
les Indiens. Et le pays s’est laïcisée, le divorce fut permis, l’avortement
accepté avec réticence, les prêtres et les évêques pédophiles furent poursuivis
en justice. Je ne sais pas si les Irlandais d’aujourd’hui sont plus heureux que
leurs ancêtres du Connemara. Les femmes sont plus libres, la censure et la
chape de plomb cléricaux ont été levés, et la République a un premier ministre
homosexuel. Et bien entendu, on regrette le passé, le temps où tous les
habitants du village se levaient quand le prêtre arrivait. Le temps où l’on
enfermait les filles–mères, comme on disait dans des institutions esclavagistes
comme les Magdalena Sisters. Tout ça a changé, et le pays est devenu terre
d’immigration. J’aime vivre dans une terre d’immigration et je n’aimerais pas
vivre à Cuba, en Corée du Nord, au Venezuela, en Pologne, en Algérie, faites la
liste des pays que les habitants veulent quitter et que personne d’autre que
les touristes veulent pratiquer.
Il y a des Basques
qui regrettent que les Basques quittent le pays et que trop de non-Basques
viennent s’y installer. On les appelle abertzale.
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