@balancetonportd’armes
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Pendant
des années, de longues années, des hommes en armes, cagoulés, déterminés,
labouraient les villes et les campagnes basques et versaient dans les sillons
un sang impur. Leurs cibles étaient les policiers, les élus, les universitaires,
les chanteurs, les entrepreneurs qui refusaient de payer l’impôt
révolutionnaire.
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Condamnés par l’opinion publique, décimés
par les polices française et espagnole, emprisonnés, exilés, les porteurs
d’armes finirent par se résoudre à abandonner le combat sans n’avoir rien obtenu
que le titre d’ancien combattant de la cause basque.
Ils dirent d’accord pour déposer
les armes, mais à condition… À condition rugirent les familles de leurs
victimes, quelles conditions ? Vous vous rendez, vous subissez la punition
méritée, vous demandez pardon et vous jurez jamais plus. Du côté basque espagnol,
il y avait eu huit cent trente morts et les nerfs étaient à vif.
Du côté basque français où la
terreur avait été moindre, ils trouvèrent des volontaires en nombre important
pour monter un spectacle qui s’appelait abertzale…abertzale…Sur
fond de montagne, des acteurs cagoulés remettaient des caisses d’armes aux premiers
rangs des spectateurs (car le spectacle était interactif). Ils enlevaient
ensuite leur cagoule, venaient saluer avec une grande banderole «tant qu’il
restera un seul emprisonné, le Pays Basque ne sera pas en paix ». Les
touristes bissaient, les élus sortants ou aspirants saluaient les acteurs qui
se désarmaient en direct, devant les caméras.
Les victimes ou leur famille
considéraient ces raouts comme des cérémonies de l’oubli. Elles manifestaient
leur dégoût, mais les Pyrénées étaient imperméables à leurs clameurs. Il se
murmurait même qu’il y avait des victimes des deux côtés, que les victimes s’habillaient
trop court ou pensaient trop long.
Ceux qui persistaient à ne pas
oublier subissaient des accès de haine. On les traitait de collabos, on leur disait qu’ils
allaient provoquer de nouvelles violences. Que ce n’était pas bon pour leur
carrière. Tout le monde finit par se taire.
Ce silence
dura des années. Jusqu’au jour où quelqu’un gazouilla « @balancetonportd’armes ».
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