Les négationnistes.
J’étais à Queen’s
University, Belfast. Dans un amphithéâtre, David Irving, historien négationniste
anglais lance sa conférence. Non, il n’y a pas eu de plan d’extermination du
peuple juif. J’interviens sans modération.
Je ne connais pas beaucoup d’universités qui auraient l’impudeur d’inviter
David Irving. Si vous l’avez fait, si avez cru pouvoir le faire, je m’adressais
aux responsables étudiants, tous protestants, c’est que vous envisagez sans problème
l’élimination totale des catholiques de votre territoire, que vous avez adopté
une sorte de solution finale pour les catholiques irlandais et que ce regard
exterminateur pour une minorité opprimée vous conduit à accepter sans honte les
thèses qui nient les camps d’extermination nazis. J’étais injuste, un petit
peu, en colère, énormément. En tout cas, ils m’ont écouté et mon intervention
est parue la semaine suivante dans Forthnight,
un magazine d’actualité politique d’Irlande du Nord.
Pour défendre avec ardeur
les assassins de l’ETA, pour compatir à leurs souffrances, pour affirmer qu’il
y avait des victimes des deux côtés, les artisans de la paix doivent être des
blanchisseurs de terreur, des négationnistes. Oh, ils ne nient pas le nombre de
morts. Mais ils disent « des deux côtés ». Et surtout, ils font
silence. Un silence négationniste. Ils ne liront jamais le roman Patria de Fernando Aramburu, ils ne
connaissent pas l’existence de Vidas
Rotas, le recueil des victimes de l’ETA. Vous pouvez leur demander. Dans
leurs journaux, dans leurs discours, les morts sont enterrés une deuxième fois
par leur silence négationniste. Et nos élus, quand on parle des victimes de l’ETA,
mettent des boules Quies.
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