mardi 10 avril 2018

bilan


C’est un peu compliqué, mais j’ai la conviction que certains de mes lecteurs (je n’arrive pas à dire « amis », ce ne sont pas des amis, ce sont des lecteurs. Il est vrai que parmi ces lecteurs, il y a des amis, et certains amis ne sont pas lecteurs, mais lecteurs est dans ce cas précis le mot le plus juste. Il englobe des amis lecteurs et des lecteurs qui ne sont des amis que sur la toile).

Que certains de mes lecteurs, donc, auront la patience de lire jusqu’au bout parce qu’ils partagent certaines de mes inquiétudes sur la scène politique du Pays Basque français. Ceux qui ne partagent pas mes inquiétudes auront depuis longtemps cliqué sur un ^ qui permet de supprimer un ami de la liste. Les autres continuent de s’intéresser.

On ne choisit pas sa famille et on ne choisit pas le coin de terre qui vous accueille. Si les tensions avec la famille sont trop fortes, il est possible de la quitter. Il est tout aussi possible de quitter le coin de territoire qui est devenu un point de chute. Mais c’est peut-être plus compliqué que de quitter sa famille.

Pour des raisons qui seraient trop longues ici à énumérer, mon point de chute est le Pays Basque français. Du point de vue du climat, des paysages, des activités physiques, des loisirs, des relations amicales ou affectives, la qualité de vie est l’un des meilleures que je connaisse.

À condition de ne s’intéresser qu’au climat, au paysage, aux loisirs, aux relations humaines. Si vous vous intéressez à la vie politique, le Pays Basque français est l’un des plus compliqués. À la fois ouvert et fermé, rassurant et inquiétant, intégriste et moderniste. D’une part, une population cosmopolite, artiste, ouverte, œcuménique. Et d’autre part, sur le même sol, un évêque de Bayonne parmi les plus intégristes qui organise des séminaires pour guérir les homosexuels, qui compare les IVG à des génocides et dont les prêtres portent une soutane boutonnée depuis le col jusqu’au chevilles, une soutane qui traîne dans la poussière et dans le sable. Et puis des catholiques œcuméniques et des pasteurs femmes protestantes. Des manifestations pour la fierté homosexuelle et des intégristes criards.

Et dans la même foulée, un personnel politique très soumis aux revendications identitaires. Tous, droite, gauche, insoumis et conformistes, centristes et marcheurs, LR et socialistes, se mettent au garde à vous devant les patriotes. Ils se sont rassemblés pour leur offrir un territoire administratif correspondant à une frontière imaginaire. Pour leur offrir des ikastolas où l’on enseigne le basque alors que les parents seraient plutôt attirés par l’anglais et l’espagnol mais ils n’osent pas le dire parce que le dire, c’est être un petit peu traître à la nation basque. Vous commencez à voir ce que je veux dire. On peut être pour ou contre l’IVG, pour ou contre le mariage pour tous, pour les réformes du travail, pour l’accueil des migrants ou la fermeture du pays, sur tous ces points, les discussions peuvent être rudes, mais on ne vous qualifiera pas de traître à la patrie. Être traître à la patrie, ce n »’est pas rien, en temps de guerre, on vous fusille pour moins que ça. Quand l’ETA était encore en activité, chivata, c’était une balle dans la tête vite fait. Maintenant,  ils n’ont plus d’armes, mais la guerre continue sous d’autres moyens, et les élus qui n’étaient pour les patriotes, pour les prisonniers, pour l’amnistie, tournaient le dos au Pays Basque. Disait-on. On tourne le dos et paf…

Que demandent les patriotes ? Qu’on reconnaisse la légitimité du combat que les chivatas appellent terroriste. Que les terroristes emprisonnés soient reconnus comme des prisonniers politiques, parce que tirer une balle dans la tête d’un journaliste ou d’une chivata, rançonner pour extorquer l’impôt révolutionnaire, incendier des bâtiments publics, quand on est musulman, c’est du terrorisme, quand on est basque, c’est une activité politique. Naturellement, si vous évitez ces sujets, vous passez au Pays Basque des séjours tranquilles. Alors pourquoi se faire du souci ? Quand vous allez au restaurant, vous n’allez pas visiter le local à poubelles…
L’ETA a perdu la guerre et les patriotes doivent transformer la défaite militaire en victoire politique. Et ils réussissent à entraîner dans cette opération de blanchiment toute la société politique basque.

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