Première
séance des blanchisseurs sur les victimes. Pas un mot sur le refus des
associations de victimes de les recevoir. Pas un mot sur la condamnation,
l’indignation, le cri d’horreur, des associations de victimes sur le monument
de la honte, une hache à la gloire de l’ETA. Pas de questions dans la salle. Sauf
écrite. Tout est verrouillé. Je regrette de ne pas pouvoir distribuer mon
texte. Je ne demanderai plus la permission à personne désormais. Heureusement, des
gens s’approchent, des journalistes. Elles lisent mes blogs. Pas toujours d’accord,
mais elles lisent et aimeraient en discuter. Gaby Mouesca a lu mon texte qui le
met directement en cause et me dit qu’il aimerait en discuter. On va en
discuter.
Le
lendemain, sur les prisonniers basques condamnés pour activités terroristes en
bande armée, je distribue mon texte. Effarement. Comment peut-il ? Un
personne s’approche, une organisatrice : vous n’avez pas le droit de
distribuer des textes. Ah bon ? Je n’ai pas le droit ? Et comment
allez-vous faire pour m’en empêcher ? Appeler un gendarme ? Tiens,
pourquoi pas Yves Giumarra ? Il est mort, dites-vous ? Ben alors
demandez à son assassin.
Des
regards de haine, des refus violents. Je n’ai jamais vu des artisans de la paix
aussi guerriers. Je sais pourquoi. Leur postulat est que nous ne sommes pas en
paix tant que les prisonniers etc… Ma présence ici affirme au contraire que
nous sommes en paix. Vous croyez une seconde que je pourrais distribuer un
texte critiquant l’ETA et ses sbires si nous n’étions pas en paix ? Cette distribution
est la preuve que nous sommes en paix. Ça les embête bien sûr. Ils disent que
nous ne sommes pas en paix et la distribution tranquille d’un texte critique
prouve le contraire. Ah ! Terminé le bon temps ou tout ça se réglait d’une
balle dans la nuque.
Aujourd’hui
dimanche 8 avril, nous allons manifester à Bayonne contre la statue de la honte,
avec des parapluies imprimés. Je prendrai des photos. Nous ne sommes pas
nombreux, c’est vrai. Mais un caillou dans la chaussure, un grain de sel sous l’appareil
dentaire, un acouphène discret, une poussière dans l’œil, plus une bouteille de
vin rouge qui se brise sur la hache de l’ETA à Bayonne, ça finit par faire du
monde.
Il
faut résister. Sinon, nous serons obligés de quitter le Pays Basque et de nous
réfugier dans les Landes. Nous créerons un poste de radio : « Ici,
Ondres, Ici Ondres ».
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