Ils
ont perdu !
En
demandant pardon, l’ETA reconnaît que ses 829 victimes sont mortes pour rien (Laurent
Joffrin libération du 20 avril 2018).
Que les etarras sont morts pour rien ; qu’ils ont perdu des centaines d’années
en prison pour rien. C’est pourquoi
demander pardon est si difficile. Le pardon remet en cause l’engagement de
toute une vie. Et à partir de là, il ne reste plus aux acteurs de la terreur qu’à
à disparaître, à se taire. À constater que les mouvements non violents pour l’autonomie
ou l’indépendance, comme en Ecosse, au Québec, en Catalogne, obtiennent de
meilleurs résultats. Que les meurtres des etarras ont fait reculer leur cause,
ont terni leurs ambitions, n’en finissent plus de peser sur toutes les
revendications nationales, mêmes les plus paisibles. Et encore aujourd’hui, au Pays
Basque, les nationalistes s’épuisent à gérer les conséquences d’un engagement
mafieux, les prisonniers, les victimes, les blessures. Ils frissonnent quand
Aramburu décrit la société de la terreur qu’ils ont construite. Ils supportent
mal les manifestations de victimes, les livres d’histoire de leurs forfaits,
les films qui les fustigent, et pire que tout, les repentis qui racontent leurs
crimes. Ils préfèrent de beaucoup les fêtes à la sortie des prisons, les
manifestations pour le rapprochement des prisonniers, les récits des tortures
et des brutalités policières, toutes manifestations qui sont leur méthadone et
leur subutex. Tout plutôt que de demander pardon.
C’est
pourquoi il ne faut pas mégoter. L’ETA a demandé pardon et ce pardon va
engloutir les nuances et les réticences. Ce pardon signifie « nous nous
sommes battus pour rien, nous avons tué pour rien, nous sommes morts pour rien ».
EPPK l’a bien compris qui a rompu toute relation avec ETA justement pour cette raison.
Quand
la société de blanchissage Txetx and C° a négocié avec l’ETA la comédie du
désarmement, l’ETA a bien pris soin de préciser, et Txetx et ses blanchisseurs ont
accepté, que la remise des armes n’était pas une reddition, n’était pas un
regret des actions passées. Mais bien sûr ont répondu Txetx, c’est juste une
manière de sortir de votre bourbier la tête haute et la nuque raide. L’horreur
est sauve. Voici du savon pour nettoyer le sang. Et si vous êtes sages, nous
vous promettons une belle statue avec une hache toute propre, nettoyée de vos
massacres.
L’engagement
terroriste agit comme une drogue et les produits de substitution ne sont guère
efficaces. Comment se faire passer pour un martyr si on regrette les meurtres
commis ? On connaît au Pays Basque des anciens terroristes qui écrivent
des livres, qui décrivent l’enfer de la prison, qui se présentent comme des
victimes. Mais ceux-là n’ont jamais demandé pardon. Gaby Mouesca, condamné pour
l’assassinat d’un gendarme, n’a jamais demandé pardon. Il écrit un livre qui s’intitule
la nuque raide. Demander pardon, c’est
s’incliner devant les victimes. Pas question quand on a la nuque raide. Évidemment,
maintenant que l’ETA demande pardon, Gaby va se trouver dans une situation
délicate. Va-t-il approuver sans suivre ? Suivre sans approuver ? Les
communistes ont connu ces affres idéologiques quand leur parti a condamné le
stalinisme et la dictature du prolétariat et les crimes du communisme. N’était-ce
pas remettre en cause toute une vie de combat ? Vous comprenez pourquoi
Gaby Mouesca, à sa sortie de prison, est allé chercher un peu de chaleur à le Fête
de l’Huma, avec les siens qui n’ont jamais demandé pardon non plus.
Je
peux vous déclarer ici publiquement que si les complices du goulag et des
famines que nous étions, avions été ainsi accueillis, nettoyés, lessivés,
pardonnés sans demander pardon, qu’est-ce qu’on aurait été heureux ! Au
lieu de ces sang et lumière, la société française et occidentale n’a pas arrêté
de faire l’histoire des crimes du communisme, nous a accusés de complicité et
résultat, le PC se trouve à 1,5% aux élections. Remarquez, c’est trois fois plus
que les FARC. Mais quand même vous voyez la difficulté.
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