Le temps des menaces. La montée des néo-fascistes. La
propagation des haines ethniques. Massacre des Juifs, massacre des musulmans.
Les glaciers fondent. Les abeilles disparaissent. Devant l’ampleur des dangers,
Dieu a démissionné et demande à ses fidèles de ne plus croire en lui. Il était
capable de faire marcher Jésus sur un lac et de guérir ici et là à la grotte de
Lourdes (encore qu’aucun manchot n’a jamais récupéré un bras), mais trop c’est
trop.
Du coup, nous sommes livrés à nous-mêmes. Nous ne
croyons plus que les prophètes du malheur. Après nous le déluge. Etourdissons-nous
de musique, d’alcool, de plaisirs. Mais la majorité
de nos semblables refuse de baisser les bras. Ils posent des rails pour que
nous puissions nous déplacer, dressent des poteaux pour que les flux circulent,
impriment des feuilles, plantent des graines et colorent les joues.
C’est-à-dire que dans la pratique, nous agissons comme
si le pire n’était pas certain. Pour nous aider, allons voir du côté des penseurs
qui rament à contrecourant du pessimisme ambiant. Steven Pinker ‘La part d’ange en nous) et plus
récemment Hans Rosling Factfulness,
Flammarion). Hans Rosling constate le pessimisme généralisé. Voici comment
Laurent Joffrin résume sa pensée : « l’humanité a vécu des dizaines
de milliers d’années à l’état de chasseur-cueilleur, toujours menacée par les
bêtes fauves, les accidents naturels, la faim, la soif ou l’attaque d’autres
groupes humains…elle tend par un mécanisme de survie intégré dans son
patrimoine génétique, à exagérer systématiquement les dangers qui la
menacent ». (libération, 13 mars
2019)
Les raisons avancées de ce pessimisme sont
discutables. Mais le pessimisme est bien réel. Interrogés sur l’état du monde
et son avenir, les humains noircissent systématiquement le tableau. Deux
exemples. Quand on demande de classer les pays selon leur degré de richesse, la
plupart des réponses séparent le monde en une minorité riche au Nord et une
majorité misérable au Sud. Or la grande majorité de l’humanité, en Asie
notamment est sortie de la misère. Résultat du développement de pays comme la Chine,
l’Inde ou certains pays d’Afrique. Deuxième exemple : les Occidentaux
classent le terrorisme en première place des dangers qui les menacent. En fait,
moins de 1% de pertes humaines dues au terrorisme sont enregistrées dans les
pays du nord. Autrement dit, les terroristes frappent à 99 % les populations pauvres,
alors qu’on les présente comme le bras armé d’une revanche des pauvres contre
les riches. Comme Steven Pinker, Hans Rosling estime que l’humanité va mieux et
qu’elle ira encore mieux dans l’avenir.
Je suis convaincu, mais je n’arrive pas à me
débarrasser des définitions données par Billy Wilder du pessimisme et de
l’optimisme. Parlant des Juifs allemands, il disait que les pessimistes se sont
retrouvés à Hollywood et les optimistes à Auschwitz.
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