La secte
Un débat se
mène sur la chaîne France 5, après la diffusion d’un documentaire sur Che
Guevara réalisé par Tancrède Ramonet. Y participent André Chassaigne, député
communiste, le réalisateur Ramonet et Pierre Rigoulot, historien du communisme.
Le
documentaire dresse un mausolée à celui qui est considéré par ses adversaires comme
un militant sanguinaire, comme le destructeur de l’économie cubaine, l’initiateur
de dizaines de tentatives de guérillas avortées. Pour connaître la vie de cet homme,
lisez sa biographie par Jacobo Machover, La
face cachée du Che. Pierre Rigoulot fut plus critique dans le débat, mais
face à deux militants déterminés, il apparaissait pâlot.
Le
débat ne manqua pas d’intérêt. Pour comprendre la mutation d’une suite d’échecs
et de sacrifices vains en icône de la révolution mondiale. On a souvent comparé
le Che et Jésus-Christ. La photo du Che sur son lit de mort, redressée
verticalement, serait effectivement proche d’une crucifixion. Mais la
comparaison s’arrête là. Jésus-Christ guérissait les malades, le Che torturait
les dissidents. Jésus-Christ multipliait les pains, le Che organisait la
pénurie. Jésus-Christ marchait sur l’eau, le Che noyait l’agriculture. Jésus-Christ
rassemblait ses disciples, le Che les éliminait. Les succès de Jésus expliquent
l’immense succès de l’église chrétienne. Les échecs du Che ne pouvaient être suivis
que par une secte déclinante.
Effectivement,
André Chassaigne député communiste et Tancrède Ramonet, tous deux révolutionnaires,
apparaissaient comme les membres d’une secte. Dans un monde dominé par les
forces du mal, impérialisme américain et capitalisme spéculatif, le Che est Capitaine
Révolution, il vole de foyer en foyer allumer les incendies, il donne l’exemple
à son peuple en allant travailler volontairement dans les champs et les usines
cubaines, il met fin à l’apartheid en Afrique du Sud, combat pour les
révolutions en Angola, en Bolivie. Que toutes ces actions soient autant d’échecs
ne gênent pas les gourous Chassaigne et Ramonet. Qu’importe la chute pourvu qu’on
ait l’envol.
Partout
où les théories de ces gourous ont triomphé, ce fut la catastrophe.
Famines soviétiques ou maoïstes,
massacres et camps partout. Le principal avantage du Che est qu’il est mort
jeune. On peut porter son portrait sur un tee-shirt, on peut le porter aux nues
dans un studio de télé. Plus difficile d’exalter Pol Pot, Beria and C°.
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