Le monde est fou
En Lybie, au Yémen, des soldats
prennent les armes et tuent. Ça c’est de la folie. Au Brésil, en Russie, en
Israël, les électeurs portent au pouvoir des champions de guerre. Des musclés
tatoués qui annexent, stigmatisent, divisent leur société. Les mêmes électeurs
ont porté Donald Trump au pouvoir. Et Salvini en Italie. Et Modi en Inde.
Au Royaume-Uni, on s’ennuyait. Un
ministre eut l’idée de jouer une partie de Brexit. Les citoyens s’enflammèrent.
Le génie de ce jeu se cache dans ses règles qui se modifient en cours de route.
Les Blancs croient avoir gagné alors que les Noirs n’ont pas perdu. Le jeu se
poursuit. C’est un match nul, dans tous les sens du mot. Heureusement, pour le
moment, c’est une dame qui dirige le pays et pas encore les lutteurs de foire
comme en Russie ou aux Etats-Unis. La partie entre dans sa troisième année.
En France on s’ennuyait. Un
créateur de mode lança un vêtement, un gilet jaune, un uniforme qui donnait le
droit de bloquer la circulation, de briser les vitrines, de piller les magasins,
de construire des barricades. Le pays s’enflamma. Le jaune devint la couleur du
peuple. Les politiques et les commentateurs, qu’il ne faut pas confondre, parce
qu’il y a des politiques qui commentent et des commentateurs qui dirigent,
tombèrent en pâmoison, Romeo et Juliette, Rodrigue et Chimène. Les discours les
plus plats, portés par des gilets jaunes, résonnaient comme les envolées
de Démosthène, Cicéron, Danton, Bossuet, Jaurès. La moindre palette en flammes
prenait la Bastille, les conversations au rond-point de la Galette étaient
Déclaration des droits de l’homme.
Pendant quelques mois, le pays se figea comme pour une finale de coupe
du monde. Tous les samedis, le peuple regardait ses champions, comptait les
blessés, criait à mort l’arbitre !
La
finale va se jouer entre les vainqueurs du Brexit et les champions des gilets
jaunes.
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