dimanche 28 avril 2019

où sont nés tes parents?


Où ils sont nés vos parents ?

Fête du quartier Bibi, à Biarritz. On se connaît, on ne se connaît pas. Debout, un verre de rouge à la main gauche, une canne à la main droite, j’écoute, j’entends, je parle. Un jeune homme à un autre jeune homme : je ne suis pas d’ici, je suis d’Anglet. Tu es le bienvenu, lui répond l’autre. Moi : c’est pire, je suis parisien. Bienvenue me disent-ils tous les deux, et me serrent la main. Celle qui tient la canne.

Une conseillère municipale qui a des ambitions. Elle rencontre une dame qui se présente comme « basque » et lui demande où sont nés ses parents. Je suis là, j’écoute, j’entends, je parle. Parce que la conseillère, ce n’est pas la première fois qu’on lui pose la question. Elle va s’opposer dans les futures campagnes à d’autres candidats à qui on ne posera pas la question parce que leur nom, leur adresse, leur arbre généalogique, les enracinent dans la ville et dans le territoire. Comment répondre à cette question ? Elle habite Biarritz, mais ses parents ne sont pas nés à Biarritz. Son nom n’est pas basque. Que dit-elle répondre ?

Elle peut répondre gentiment : moi, je suis de Biarritz parce que j’ai choisi la ville. Ce n’est pas un hasard de naissance.

Elle peut répondre moins gentiment : « la dernière fois que j’ai entendu cette question, c’était Donald Trump qui la posait à Barak Obama.

Moi, je réponds rarement gentiment. La dernière fois qu’on m’a posé cette question, c’était Xavier Larramendy.  Un marcheur patriote. Je lui ai répondu que la dernière fois qu’on m’avait posé cette question, c’était en 1942, un fonctionnaire de Vichy. A l’époque, c’était une question qui tuait.

Quand on me pose la question « où es-tu né ? Où sont nés tes parents ? » Je réponds que la démocratie est un régime où la bêtise a le droit de poser des questions stupides. Elle me donne le droit de ne pas répondre.

Parfois, je  réponds que je suis basque parce que je l’ai décidé. Que la grandeur d’une culture se mesure à son acceptation des différentes origines. Ma compagne déclare, elle, qui est née là où nous parlons, sur une place qui porte son nom, dans un logement qui donne sur la place qui porte son nom, qu’elle n’est pas basque. Je lui dis alors, puisque nous vivons ensemble et que j’ai décidé d’être basque, qu’elle était basque par alliance.

Une seule bonne question, légitime, honorable : « où sont nés tes beaux-parents ? ». Parce qu’on ne choisit pas ses parents, alors qu’on choisit ses beaux-parents.

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