Héritage
Depuis 1998 et les accords du
Vendredi Saint, la vie politique en Irlande du Nord a exclu de son fonctionnement
les groupes armés, les attentats, les meurtres. Les paramilitaires
républicaines (catholiques) et loyalistes (protestants) ont provoqué la mort de
plus de trois mille personnes. Ils se sont dissous sans voir atteint leur
objectif. .Les républicains se battaient pour une Irlande réunifiée et
socialiste. L’Irlande est divisée et le marché domine l’économie. Les
loyalistes voulaient chasser les catholiques du pouvoir en Irlande du Nord, l’Irlande
du Nord est gouvernée par une alliance entre partis protestants et partis catholiques.
Des militants républicains
dissidents refusent de reconnaitre ces accords de paix qui signent leur défaite
militaire et politique. Ils veulent continuer à porter par les armes et la violence
leur objectif : une Irlande réunifiée (nord et sud) et une Irlande socialiste.
Ces républicains ont un parti : Saoradh ou Revolutionary Irish Republican
Party et une armée : l’IRA maintenue ou dissidente. Ils sont peu nombreux,
ne disposent pas d’appui politique. Ils jouent à la guerre avec de vraies armes
et quand la police vient les désarmer, ils protestent et manifestent. Mais
quand on dispose d’armes, parfois, le coup part et le coup tue. C’est ainsi que
le 22 avril 2019, à Derry, une journaliste Lyra McKee a été tuée. Aussitôt se
pose la question est-ce le début d’une nouvelle guerre ?
Voici quelques réponses possibles
à cette légitime question. La première : un groupe armé ne peut survivre
que s’il dispose d’un appui politique d’une partie de la société civile. Le
groupuscule Saoradh ne dispose pas d’un tel appui. Tous les partis politiques,
tous les responsables de parti, toutes les églises, ont condamné. Des femmes ont
déposé leurs mains recouvertes de peinture rouge sur la façade du local des
dissidents. A l’église où Lyra McKee était enterrée, toute la société nord irlandaise,
irlandaise, britannique, était représentée.
Deuxième réflexion : l’IRA
dissidente à présente ses excuses à la famille de Lyra McKee. C’est une
imposture. Quand un groupe tue une personne, les membres de ce groupe doivent
dénoncer l’assassin. C’est ce que demandait Gerry Adams à ses amis
républicains. Si vous voyez une arme circuler dans votre quartier, je vous
demande de dénoncer ceux qui la portent à la police. Si Saoradh veut qu’on
prenne au sérieux leurs excuses, il faut remettre le criminel à la police.
Sinon, c’est ajouter de la tromperie à la souffrance.
La question sur le danger d’une
violence politique s’adresse ainsi à toute la société. Si les voyous de la
politique veulent jouer aux cowboys, elle doit se rassembler, serrer les rangs
et ne laisser aucun espace, aucun souffle, aucun mot, qui leur permettent d’exister.
En France, des grenouilles
soumises croassent avec des hommes de terreur. En France, des secteurs entiers
de la société ont permis que se poursuive l’activité de ceux qui ont provoqué
dix morts sur les ronds-points, qui ont détruit et qui ont pillé. En France,
aucun Gerry Adams ne demande aux gilets jaunes de mettre leurs voyous hors d’état
de nuire.
Ma conclusion : en l’état
actuel, je suis plus inquiet pour la France que pour l’Irlande du Nord.
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