Pour comprendre l’immense désarroi des etarras démobilisés,
il faut se rappeler l’époque héroïque où ils étaient des champions de la
liberté, chaînons d’un mouvement international, héros de rassemblements
mondiaux, au premier rang de manifestations grandioses. Ils étaient preux
chevaliers, soldats torturés, abattus,
poursuivis par des législations iniques. Le passage à la vie civile depuis les
années 1990 a été douloureux. Le cessez-le-feu a eu les effets redoutés par ses
adversaires : il ne reste plus qu’une déroute politique, individuelle et
collective, une déroute culturelle, et littéraire. Pour comprendre cette déroute,
il faut lire le roman de Florence Delay, Etxemendi,
et passer ensuite au roman de Fernando Aramburu paru en 2016, Patria. Le passage d’une grande fête
nationale à l’accablement des espoirs disparus, le passage d’un combat honoré à
la description d’une horreur insensée.
Vous comprendrez alors cet acharnement
incongru à transformer la déroute en cérémonie, cette manifestation du 8 avril,
désiré par les demi-soldes du combat national, tous colonel Chabert qui veulent
pension et reconnaissance.
Par pitié, admiration, nostalgie ou lâche soulagement,
la société du Pays Basque français, moins traumatisée qu’au Sud, va participer
le samedi 8 avril prochain à l’enterrement d’une époque.
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