Qu'est-ce que faire de la politique quand vous habitez
près d'un parc ou viennent jouer les enfants ? Depuis douze ans, celui
était alors maire de Biarritz, Didier Borotra, a ouvert un point d’accueil pour
les personnes en grande précarité. Le parc s'appelle le parc Mazon. Le PAJ (point
accueil jour) permet aux personnes en galère de prendre une douche, de laver son
linge, de manger une soupe chaude, de rencontrer des travailleurs sociaux, une
infirmière. Le PAJ est ouvert le matin cinq jours par semaine.
Pendant douze ans, les enfants ont joué au Parc Mazon
et les personnes en difficulté sont venus prendre quelques heures de répit dans
une vie qui n'en connaît aucun. Je suis certain que des parents n'aimaient pas
ce partage de l’espace parce que des pauvres, c’est moins joli à regarder que des enfants
sur un manège. Mais en tout cas pendant douze ans il n'y a pas eu d’incident ni
de plainte.
Cet été le PAJ de Bayonne a dû fermer pour entretien.
Les SDF se sont rabattus sur le PAJ de Biarritz et des incidents ont provoqué
des réactions inédites.
Des bruits de fermeture ont couru. Mais on ne ferme
pas un PAJ comme ça. Nous vivons dans des sociétés où on ne laisse pas mourir
les gens. Et dans une telle société tous les responsables savent qu'on ne peut pas
fermer un PAJ sans solution de remplacement. Parce que si on ferme les
galériens seront davantage dans la rue. Parce que si on ferme, la blessure d’un
galérien ne sera plus soignée, deviendra un phlegmon qu’il faudra soigner à l’hôpital
et au lieu de cinq euros de pansement ça coûtera trois jours d’hospitalisation
à mille euros la journée. N’importe quel étudiant en économie de première année
sait qu’il ne faut surtout fermer un PAJ sans solution de remplacement. En tout
cas dans une société où on ne laisse pas crever les gens.
C'est pour discuter de tout ça que les travailleurs
sociaux et les bénévoles du PAJ Mazon ont invité les riverains a une rencontre
publique. La salle était pleine. Des gens en colère disaient que leurs enfants
avaient peur. D’autres remerciaient les responsables du centre pour leur
travail. Mais tous ,tous sans exception pensaient qu’il ne fallait pas abandonner
les gens dans la rue. Naturellement beaucoup préféraient un centre ailleurs que
dans le parc. Mais personne absolument personne n'a émis l’idée qu’il ne
fallait pas de PAJ à Biarritz. Et au centre ville, là où se trouvaient les
personnes en grande difficulté.
La discussion a parfois été un peu tendue. Mais on
peut dire que de telles rencontres sont utiles. Les gens expriment leurs
inquiétudes mais les peurs sans fondement reculent. Une participante a
déclaré qu’il fallait du courage au maire pour fermer le centre. Moi je dis
qu'il a fallu plus de courage pour l’ouvrir que pour le fermer.
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