Inquiétude,
angoisse. L’Italie a glissé. Donald Trump et Vladimir Poutine se moquent d’Emmanuel
Macron. Salvini glousse. L’Iran conseille à la police française plus de
modération. En trois semaines, la
situation nous échappe. Quand avons-nous déjà partagé l’angoisse du sablier
incapable de retenir l’écoulement des grains ?
Personne ne maîtrise
plus rien. Dans les lycées, les proviseurs disent que les militants connus sont
complètement dépassés. Ils tentent de reprendre la main en durcissant les
revendications mais que glissent-ils exactement à l’oreille de leur camarade de
classe met le feu à la poubelle du concierge ? L’autre n’écoute pas.
Mettre le feu n’est plus un spectacle, c’est une politique. « On a raison
de révolter ».
La guerre d’Algérie
et le coup d’état de 1958 ? Tout le monde sauf les communistes s’était
rallié. 80 % de oui au référendum. Il y eut de la colère, de l’engagement, des
discussions serrées. Un moment la terreur de l’OAS, massivement rejetée par la
société entière. Mais pas l’angoisse de l’inconnu.
1968 ?
Partout on discutait. Un piéton s’arrêtait pour demander du feu, l’autre
sortait son briquet, dans la minute qui suivait, cinquante personnes se mettaient
à discuter. Partout on parlait. Des discours fous ou rationnels, des
conférences dans la rue. On se levait le matin le cœur léger, on savait que
mille fois dans la journée, on aurait l’occasion de se mêler au grand
chambardement. Les partis se réunissaient, ça refaisait le monde. Un moment des
attentats terroristes, massivement rejetés.
Aujourd’hui, cette
agitation ressemble aux mouvements de foule qui de manière régulière bousculent
les pays où les institutions ne fonctionnent pas. Où il n’y a pas d’assemblée
élue, pas de gouvernement responsable, pas de constitution. Le seul fait de
manifester est une déclaration. Ici, chez nous, le gouvernement gouverne, l’assemblée
discute du budget, les partis s’opposent et tout se passe comme si rien de tout
cela n’existait. Les responsables veulent rencontrer des manifestants qui leur
échappent. Les responsables décident de ne pas décider. Ils suspendent, ils
annulent, ils repoussent.
Pour le
moment, la police intervient contre les casseurs. Mais la classe politique d’opposition
est en déroute. Ils ne peuvent exister qu’en encourageant les émeutiers à l’émeute.
La droite qui représente la loi et l’ordre, la hiérarchie et les privilèges,
applaudit quand des boutiques sont pillées, des officiers de police bousculés. La
gauche révolutionnaire, les insoumis, plongent dans le courant et découvrent la
droite identitaire. Les ministres et les députés de la majorité se battent sur
les plateaux de télévision, mais se battent contre qui ?
Le plus
inquiétant encore est le silence. La majorité des citoyens français ne souhaite
pas la révolution. N’approuve pas les violences insurrectionnelles. Mais elle
se tait. Une poignée d’élus de la majorité présidentielle tente de dialoguer.
On détruit leur permanence à coups de masse.
En écho, le
général de Villiers nous explique ce qu’est un chef. Sale temps.
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