Il faut dire ce qui est. Tout le monde sait
parfaitement ce qu’il faut faire. A peu près dans tous les domaines :
macroéconomie, finance internationale, écologie, santé, éducation, loisirs.
Vous vous mettez face au présentoir d’un marchand de journaux et vous trouvez
immanquablement des solutions à tous vos problèmes. Les réponses existent avant
même que les questions apparaissent.
Tout le monde connaît les bonnes réponses et telle est
la raison d’une mauvaise humeur ambiante. Mettez-vous dans la peau d’un prof
qui explique à sa classe que deux et deux font quatre, patiemment, il pose deux
bananes sur son bureau, ajoute deux bananes et se tourne vers la classe,
triomphalement. Il s’attend à provoquer une forêt de mains levées, m’sieur, m’sieur,
deux et deux ça fait quatre. Et il se rend compte alors que pour une partie de
la classe, deux et deux ça fait trois, ou cinq. Non seulement une partie des
élèves n’accepte pas le résultat, mais certains proposent un référendum pour
décider quelle est la meilleure solution. Un QCM, deux et deux, ça fait combien ?
Trois réponses possibles, trois, quatre, cinq. Cocher la case qui vous semble
la bonne réponse.
Voilà le problème. Les réponses ne sont pas toutes les
mêmes, mais chaque porteur de réponse est persuadé que sa réponse est la
meilleure. Dans l’exemple donné ci-dessus, essayez de dire au patron que vous
avez pris deux fois deux cafés, donc je vous dois trois cafés. Essayez pour
voir.
La tentation est alors forte de s’énerver. Parfois,
les gestes, les actions les plus spectaculaires, les agressions les plus
glaçantes, finissent par remplacer les démonstrations inutiles, puisque vous
avez en face de vous une personne qui prétend connaître une réponse plus juste
que la vôtre. Devant ces difficultés, les réactions divergent. Certains
renoncent, pensent que ça n’en vaut pas la peine. D’autres persistent, répètent
leur démonstration, se tapent la tête contre le mur. Galilée, devant la menace
du bûcher, s’est incliné devant l’église. Jean Hus, plus courageux, est mort
dans d’atroces souffrances pour défendre des vérités que tout le monde a oubliées.
Jan Palach, lassé d’expliquer aux soldats russes que l’invasion de la Tchécoslovaquie
n’était pas la bonne solution, s’est immolé par le feu, est mort de ses
blessures. Vous croyez qu’il a convaincu l’armée soviétique ?
Personnellement, je fais partie des gens qui disposent
de bonnes solutions à de nombreux problèmes, mais je sais que si les annonce
publiquement, elles seront immédiatement réfutées par des ignorants ou par des
carriéristes sans scrupule. C’est pourquoi j’évite de les rendre publiques. Je
ne les donne que sur demande, vous m’envoyez une enveloppe timbrée et je vous
donnerai la réponse. Dès réception, il vous appartiendra de trouver la question
qui correspond.
Pas mal du tout
RépondreSupprimer