Lui fait tourner les chemises. Il
en possède une dizaine. Il les porte généralement trois jours. Quand elle sort
de la machine, quand elle a été repassée, elle est rangée en queue de file et
attend sagement son tour. Elle est remplacée par la chemise en tête de la
rangée. Ce n’est pas très compliqué à comprendre.
Elle aime les sacs. Quand elle
remarque un sac qui lui plaît, elle l’achète et cet achat annihile tous les
autres sacs, qui sont nombreux, sans excès. Dans les jours qui suivent, parfois
des semaines, elle ne porte plus que le sac le plus récent, vante ses poches
variées, l’harmonie de ses couleurs.
Lui dit, heureusement que je ne
suis pas un sac, parce que je serais remplacé au bout de quelques semaines par
un autre sac et je disparaîtrais dans le cimetière des sacs rejetés.
Elle dit, heureusement que je ne
suis pas une chemise, parce que je serais utilisée trois jours, et puis il me
faudrait attendre presqu’un mois avant d’être portée à nouveau.
Ensemble ils disent, heureusement
que nous ne sommes ni une chemise ni un sac. Si l’un était une chemise et l’autre
un sac, jamais au grand jamais nous n’aurions pu faire couple.
Les choses sont parfois bien
faites.
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