Dans
le Pays Basque espagnol, des procès ont lieu contre des humoristes qui se
moquent des victimes de l’ETA (Le monde :
4 février 2017). Tout le monde s’accorde à fustiger leur mauvais goût, mais certains
disent que le mauvais goût ne devrait pas être puni de prison. Pour Marimar
Blanco, présidente de la fondation des victimes du terrorisme, sœur d’un élu du
PP assassiné par l’ETA en 1997, « aucun message dénigrant les victimes ne
doit rester impuni » de la même façon que les insultes aux victimes de la
Shoah sont punies par la loi.
Sur
la question des victimes se mène une bataille politique qui nous concerne aussi.
La gauche abertzale a renoncé à la terreur, mais elle défend l’amnistie pour
les etarras afin de clore un conflit qu’elle présente
comme ayant fait des victimes « dans les deux camps ». Pour le
philosophe Fernando Savater : confondre bourreaux et victimes « c’est
prolonger par les mots le travail des terroristes ».
C’est
exactement ce qu’il se passe au Pays Basque français. Les blanchisseurs de la
terreur se congratulent parce qu’ils ont eu l’audace de parler « de toutes les
victimes ». Quand les élus de tous bords, au garde-à-vous à l’appel de la
gauche abertzale, reprennent l’expression pour répondre aux accusations d’oubli
des victimes de l’ETA, ils n’en reviennent pas de leur intrépidité. Se
rendent-ils compte qu’ils confondent ainsi bourreaux et victimes, qu’ils acceptent
la thèse la gauche abertzale qui parle des « victimes dans les deux camps ».
Comme
disait Trump à propos des manifestants de Charlottesville, « il y a des victimes
et des gens biens dans les deux camps ».
Ça vous met en colère ? Au Pays
Basque français, « il y a des victimes dans les deux camps », c’est
tous les jours. Ça met moins de gens en colère.
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